Ça « bourdonne » autour de l’Établissement de Stony Mountain

Reportages

Récemment, avec l’aide de CORCAN et de partenaires de la collectivité, l’Établissement de Stony Mountain a lancé une initiative d’apiculture alimentée par l’ingéniosité du personnel et la participation des détenus.

 

L’idée est née il y a six ans, lorsque Janalee Bell-Boychuk, directrice par intérim de l’Établissement de Stony Mountain, a participé à un ultramarathon, pendant lequel elle a rencontré des agents correctionnels du pénitencier de l’État de Washington. Lorsque Janalee a entendu parler de leur initiative d’apiculture, elle s’est dit : « Des ruches dans une prison? C’est fascinant! »

 

Elle a découvert le travail du projet «Sustainability in Prisons» un partenariat fondé par l’Evergreen State College et le service correctionnel de l’État de Washington. Grâce à la contribution essentielle de nombreux autres partenaires, ils élaborent et offrent un large éventail de programmes d’éducation dans les domaines des sciences, de l’environnement et de la durabilité au sein des douze prisons de l’État.

 

 

Il était évident pour Janalee, qui a commencé à rassembler des documents par elle-même, que de nombreuses raisons justifient d’avoir un programme apicole. L’apiculture permet d’acquérir des compétences professionnelles, tant techniques que transférables, est bonne pour l’environnement et très thérapeutique. Toutefois, après de nombreuses années d’efforts, Janalee s’est aperçue qu’il était difficile de matérialiser son idée. Lorsqu’elle a appris qu’un projet similaire était en cours dans la région de l’Ontario dans le cadre du programme d’agriculture de CORCAN, elle a présenté son idée à Sjana Sookermany, directrice adjointe, Opérations (CORCAN) à Stony Mountain, qui l’a adorée.

 

 

Sjana a contacté ses collègues de CORCAN qui exploitent des ruches aux établissements de Joyceville et de Collins Bay, dans la région de l’Ontario, et s’est renseignée sur les différentes options de mise en œuvre, y compris les possibilités de faire participer les membres de la collectivité qui ont des connaissances en apiculture. Elle a également contacté l’Université du Manitoba, qui a fait passer le message par l’intermédiaire des associations apicoles locales.

 

Abe, un apiculteur commercial à la retraite, a répondu à l’appel et travaille bénévolement pour l’Établissement de Stony Mountain depuis avril. Il se rend toutes les deux semaines dans l’établissement.

 

Les détenus de l’unité à sécurité minimale (unité 7) ont également manifesté un grand intérêt. Lorsque l’affiche a été installée, tout le monde s’est inscrit et les détenus participent au programme depuis ce temps.

 

En voyant les ruches prospérer dans leur environnement, Abe pense que c’est le genre d’interconnexion dont nous avons tous besoin. « Je ressens cette connexion grâce au bénévolat. J’aime croire que les hommes avec lesquels j’interagis ressentent la même chose que moi. »

 

« Au début, raconte Tam (l’un des détenus participants), la plupart des gars étaient intéressés par le miel! Une fois qu’ils se sont lancés, ils ont constaté que l’apiculture était bien plus qu’un simple plaisir sucré. Nous savons que sans les abeilles, l’humanité pourrait s’éteindre. Je suis donc reconnaissant de faire partie de la solution, car nous contribuons à la société. Le sentiment d’appartenir à une communauté coopérative productive aide réellement à ma réadaptation. »

 

Les détenus ont non seulement reçu un enseignement sur les abeilles, mais ils ont également beaucoup appris des abeilles. Les abeilles forment une communauté prosociale : elles ont la reine, les abeilles ouvrières (femelles) et les faux bourdons (mâles), et elles doivent travailler ensemble pour assurer leur propre survie.

 

Les participants sont très enthousiastes chaque fois qu’ils ont l’occasion de prendre en charge des abeilles et ils se soutiennent mutuellement lorsque quelqu’un ne peut pas se rendre aux ruches.

 

Le travail avec les abeilles a également été très relaxant. Les détenus sont dans la nature, avec une structure assouplie et une responsabilité personnelle accrue. De plus, le temps y passe vite. Les participants ont connu des améliorations positives liées à leur santé mentale, ce qui n’aurait pas pu arriver à un meilleur moment : pendant la pandémie de COVID-19, lorsque les visites de la famille, des amis et des bénévoles ont été limitées, ce qui a été très difficile.

 

Comme cette initiative a été organisée et dirigée par les membres du personnel, le projet a été, dès le début, très organique et pratique. Janalee a vu le personnel et les détenus se rallier à cette initiative. Elle entend souvent dire à quel point les détenus aiment s’occuper des abeilles, et que les membres du personnel apprécient que cette initiative aide l’environnement. Cette incroyable réussite est une victoire pour l’unité opérationnelle, une victoire pour les participants et une victoire pour le personnel.

 

Cet effort communautaire a permis une collaboration unique et fructueuse entre l’établissement et la collectivité, où chaque participant est habilité à contribuer à un changement positif. Abe enseigne également au personnel et aux détenus, et tout le monde apprend ensemble au fur et à mesure. « Avec un peu de chance, dit Abe, je pourrais mener les autres sur le droit chemin, plus que dans l’autre direction, tout comme d’autres l’ont fait pour moi. »

 

Si l’objectif de Stony Mountain pour cette année est de maintenir les ruches, l’établissement travaille également avec l’Université du Manitoba dans l’espoir de proposer aux détenus un cours d’« apiculture pour amateurs », qui déboucherait sur une certification professionnelle. Janalee espère qu’à mesure que l’établissement apprend et se développe grâce à ce projet, elle pourra envisager d’ajouter des ruches supplémentaires l’année prochaine.

 

Selon Sjana, « l’initiative des abeilles apporte beaucoup à Stony Mountain, surtout pendant la pandémie. Nous apprenons ensemble, les uns des autres, et des abeilles. L’ampleur du dévouement démontré par les participants et les membres du personnel depuis le début, c’est impressionnant et excitant! Je suis emballée de voir à quel point notre initiative a grandi! »

 

Cette collaboration offre des possibilités de formation sur le terrain et de formation professionnelle, tout en contribuant à la réinsertion sociale des participants et à la protection de l’environnement. Nate, un autre détenu participant, a toujours rêvé de travailler avec les abeilles, et Stony Mountain a rendu cela possible. « L’Établissement de Stony Mountain repousse toujours les limites, il est très innovant, a déclaré Nate. L’administration a été phénoménale au fil des ans et je suis, au minimum, très chanceux d’avoir pu profiter d’autant d’occasions. »

 

Lorsque le Comité consultatif de citoyens de Stony Mountain a fait part de cette initiative sur la page Facebook du groupe communautaire de Stony Mountain, en expliquant que deux membres du personnel et 20 délinquants participeraient au travail avec les abeilles, les commentaires ont été extrêmement positifs. Les gens ont adoré l’idée!

 

Le président du Comité consultatif de citoyens de Stony Mountain, Jim Plumptre, croit que « l’initiative apicole est une collaboration exemplaire entre CORCAN et l’Établissement de Stony Mountain. Elle permet aux délinquants de soutenir un projet qui a trait à l’élevage d’animaux, des abeilles dont l’habitat ne cesse de rétrécir, et la production d’une denrée, en l’occurrence le miel. Ce projet a suscité l’intérêt de la collectivité en plus de susciter des réactions positives. Un travail bien fait! »

 

Félicitations à toutes les personnes qui ont contribué à faire de l’apiculture un succès à l’Établissement de Stony Mountain et un grand merci au personnel de CORCAN de Joyceville et de Collins Bay pour toute l’aide qu’ils ont apportée au lancement de ce projet et pour toute leur assistance en cours de route! Des initiatives comme celle-ci incarnent parfaitement le thème de l’après 2020 et l’établissement est très fier de les partager avec tout le monde!

 

Date de mise à jour :