Roxanne Fischer a commencé sa carrière au Service correctionnel du Canada (SCC) en 1996 et a occupé divers emplois, notamment agente de liaison autochtone, agente de libération conditionnelle et agente de projet. Elle est aujourd’hui sous-directrice du Pavillon de ressourcement Willow Cree, en Saskatchewan, où nous nous sommes entretenus avec elle au sujet de son travail.
Pourquoi faites-vous ce travail?
Je crois en l’efficacité des services correctionnels pour Autochtones et en l’importance d’inclure la culture et la tradition dans le processus correctionnel. Je considère ce pavillon de ressourcement, et tous nos pavillons de ressourcement, comme des endroits d’émancipation pour les délinquants autochtones. Nous leur donnons la chance de retrouver leurs racines et d’apprendre qui ils sont vraiment.
Croyez-vous que cela fonctionne? Les délinquants peuvent-ils changer?
Ils le peuvent. Je dirais que de 90 à 95 % d’entre eux peuvent changer et qu’environ 70 % le feront. Pour certains délinquants, cela se fait instantanément. D’autres ont besoin de plusieurs chances avant de finalement comprendre. Grâce à un processus complet, au soutien et aux services adaptés à la culture que nous leur offrons, je crois que des changements peuvent se produire.
Que devons-nous savoir au sujet de ces délinquants? Avec quoi doivent-ils composer lorsqu’ils arrivent au pavillon de ressourcement?
La plupart des délinquants qui arrivent ici ont un système de soutien limité, s’ils en ont un, en dehors du système correctionnel. Bon nombre d’entre eux ont des membres de la famille qui ont également des démêlés avec le système de justice pénale, qui ont des problèmes de toxicomanie ou qui ont subi diverses formes d’agressions et de violence au cours de leur vie. Cela signifie que quand les délinquants quittent notre pavillon de ressourcement, ils retournent souvent dans un environnement qui peut les encourager à adopter des comportements criminels qui les feront revenir sous notre responsabilité.
Notre travail consiste à les aider à créer des relations communautaires positives grâce aux Aînés locaux qui viennent passer du temps avec nos délinquants et à d’autres modèles dans la collectivité qui peuvent les appuyer dans leur processus correctionnel. Ce faisant, nous leur permettons de tisser des relations positives et de devenir à leur tour des modèles pour la prochaine génération.
Comment ce travail influe-t-il sur vous, personnellement?
Je suis une femme autochtone qui a grandi en voyant des membres de ma famille incarcérés, assassinés et aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Bon nombre de nos délinquants ont vécu une perte de respect personnel, une perte de pouvoir personnel et une perte de culture. Je peux très bien comprendre. C’est simplement une question de choix entre eux et moi. J’aurais facilement pu être une délinquante du pavillon au lieu d’en être la sous-directrice.
Le SCC a fait beaucoup de chemin concernant les services correctionnels pour Autochtones. Que reste-t-il à faire?
Quand je suis arrivée au SCC, on ne connaissait pas de gestionnaire autochtone, les programmes pour délinquants autochtones étaient très limités, et la présence d’Aînés n’était pas régulière dans les établissements. Tout cela a changé, et, comme vous l’avez dit, nous avons fait beaucoup de chemin. Que reste-t-il à faire? J’adorerais que tous les employés soient sensibilisés et informés au sujet des antécédents sociaux des Autochtones et de leur incidence sur les délinquants sous notre responsabilité. J’aimerais aussi que davantage d’Autochtones occupent des postes de cadres supérieurs dans l’ensemble de l’organisme. Je sais que nous allons déjà dans cette direction et j’ai l’intention de rester dans les parages pour en être témoin.
L’équipe d’Entre Nous tient à remercier Roxanne de lui avoir accordé une entrevue. Nous lui souhaitons tout le succès voulu dans son travail au Pavillon de ressourcement Willow Cree.