L’un des principaux buts de CORCAN, organisme de service spécial au sein du Service correctionnel du Canada, est d’aider les délinquants à acquérir des compétences en demande qui peuvent leur être utiles pour trouver un emploi et réussir leur réinsertion sociale.
Grâce à une formation en cours d’emploi dans divers domaines, comme la construction et la fabrication, CORCAN aide également les délinquants à cumuler des heures d’apprentissage en vue de l’obtention d’un certificat professionnel. Dans divers établissements de partout au Canada, les délinquants s’affairent à devenir des charpentiers, des plombiers ou des soudeurs accrédités, entre autres.
Dans le cas des délinquants purgeant une peine de longue durée comme Paul, un compagnon électricien au Pénitencier de Dorchester - unité à sécurité minimale, la possibilité d’éprouver un sentiment d’accomplissement et d’accroître son estime de soi est tout aussi cruciale que l’acquisition de compétences pour le marché du travail.
« Je pense que c’est très important, explique-t-il. Je le pense vraiment, car, après un certain temps, on s’acclimate, si on veut, à l’environnement d’ici […] Le fait d’avoir quelque chose qui a de l’importance pour nous, sur quoi nous concentrer, qui nous donne un but à atteindre et qui a un résultat très réel, selon moi, est bénéfique. »
Au cours des quatre dernières années environ, Paul a accompli beaucoup de choses.
Même s’il s’est inscrit pour devenir apprenti en 2013, son cheminement vers les travaux d’électricité a en fait commencé en janvier 2010. Au cours de l’année et demie qui a précédé son apprentissage, il a travaillé dans le cadre d’un projet de réfection de toiture mené par CORCAN à l’intérieur de l’établissement. Il a ainsi eu la possibilité de travailler avec des gens de la construction provenant de la collectivité.
Paul s’est intéressé particulièrement aux travaux d’électricité et il a commencé à cumuler progressivement les heures et les examens requis pour obtenir un permis en bonne et due forme.
Les apprentis doivent achever quatre « blocs » d’apprentissage. Chacun comporte un nombre d’heures de travail exigé et se termine par un examen. Après avoir passé un examen final du Sceau rouge, les apprentis sont considérés comme des électriciens dûment qualifiés.
Paul a cumulé des milliers d’heures de travail exclusivement à l’intérieur de l’établissement, où il a tout fait, du remplacement de prises électriques à la préparation du remplacement du transformateur de distribution principal dans l’atelier de travaux électriques du Pénitencier de Dorchester.
« J’ai de la chance, car, comme l’électricité est très répandue, ici, je peux y être exposé dans une très grande mesure, affirme-t-il. Je travaille sur des systèmes de chauffage, de ventilation et de contrôle, sur toutes sortes de choses! »
Après avoir réussi son bloc 3 (considéré comme le plus difficile par les gens de la profession) avec une note de 90 %, Paul a ensuite réussi haut la main ses examens du bloc 4. Il s’agit d’un exploit impressionnant, compte tenu de sa situation unique et du fait qu’il n’avait pas suivi de cours officiel. Le travail acharné et la détermination de Paul ont porté fruit quand il a réussi ses examens du Sceau rouge en mars 2018 et reçu sa carte de compagnon peu après.
Paul a tôt fait de souligner toute l’aide qu’il a reçue des gens qui l’entourent – les entrepreneurs de CORCAN, son agent de libération conditionnelle et le personnel de l’établissement –, mais il a également souligné qu’au bout du compte, il incombe aux délinquants de faire le travail nécessaire pour réussir.
« Je ne suis pas du tout en train de dire que c’est parfait pour tout le monde; il faut beaucoup de détermination », déclare-t-il.
« Évidemment, il y a ici un certain nombre d’électriciens que je peux consulter et à qui je peux demander de l’aide, et des ressources sont à ma disposition, mais, au bout du compte, il me revient d’avoir la motivation nécessaire, poursuit-il. C’est moi qui décide combien d’effort j’investis dans l’apprentissage et ce que je suis disposé à apprendre. »
Il espère que les programmes d’apprentissage continueront à prendre de l’expansion et que les délinquants tireront profit de ces possibilités lorsqu’elles se présenteront.
« Quand quelque chose de nouveau arrive, il faut un certain nombre de gens qui sont disposés à déployer les efforts nécessaires et à prendre des mesures supplémentaires pour en faire la promotion et laisser les gens voir que c’est avantageux, et cela fait partie des raisons pour lesquelles je participe à cette entrevue, affirme Paul. J’espère qu’il s’agira peut‑être de quelque chose qui deviendra un peu plus répandu, car, selon moi, ce serait vraiment avantageux, non seulement ici, mais partout au Canada. »
Paul croit que les programmes d’apprentissage sont particulièrement avantageux pour les délinquants purgeant une peine de longue durée. Il a été admis dans un établissement vers l’âge de 20 ans et il espère en sortir avant l’âge de 50 ans. À ce moment‑là, le fait de posséder un certificat d’électricien pourrait être un atout précieux.
« Oui, des programmes sont offerts; oui, il y a de l’emploi ici, mais, dans le monde réel, beaucoup de délinquants – surtout ceux qui purgent une peine de longue durée – sont jeunes quand ils arrivent, et, une fois qu’ils sortent, à quoi ont‑ils accès, demande-t-il. Oui, il est possible de refaire sa formation quand on sort, mais cela exige du temps et des dépenses, et tout le monde n’a peut-être pas accès à l’argent et au temps nécessaire pour le faire. »
Paul est conscient que rien ne garantit que, même avec une certification, il sera facile de trouver un emploi.
Toutefois, il aura au moins la fierté d’avoir persévéré et relevé un défi difficile pendant qu’il purgeait sa peine.
« Le fait de se sentir valorisé et d’avoir l’impression qu’on a quelque chose à offrir, c’est vraiment utile, a‑t‑il déclaré. À mes yeux, c’est le plus important. »