Le 22 février 2016, le ministre Ralph Goodale a pris la parole dans le cadre du Symposium sur le leadership stratégique du Service correctionnel du Canada (SCC) à Ottawa. Vous trouverez ci-dessous un condensé de ses observations.
Depuis ma nomination au poste de ministre en novembre dernier, j’ai eu à apprendre beaucoup de choses en peu de temps.
J’ai été frappé par la complexité de ce que signifie : « inciter activement et aider les délinquants à devenir des citoyens respectueux des lois, tout en exerçant sur eux un contrôle raisonnable, sûr, sécuritaire et humain », comme le mentionne la mission du SCC.
Cela va au-delà de ce qu’imaginent la plupart des personnes lorsqu’elles pensent à l’univers de l’incarcération. Le SCC doit offrir des interventions médicales, des programmes d’emploi, du soutien psychologique, et il doit gérer le retour des délinquants dans la collectivité.
Et c’est la réalité : la plupart des délinquants retourneront dans nos collectivités.
Je vous suis reconnaissant pour tout ce que vous faites pour changer la vie des 23 000 délinquants sous votre responsabilité partout au pays.
Vous faites un travail très difficile.
Chaque jour, vous devez gérer des situations délicates, qui ont des répercussions directes sur la sécurité du public et du personnel du SCC, et sur le bien-être des hommes et des femmes confiés à vos soins.
Les changements que l’on observe dans la population carcérale accentuent ces défis.
Les Autochtones représentent seulement environ 4 % de la population au Canada; pourtant, ils représentent 25 % des détenus dans les établissements fédéraux. Cette situation est encore plus grave pour les femmes autochtones, qui représentent près de 36 % des détenues.
Et ces tendances ne montrent aucun signe de ralentissement : la population de détenus autochtones a augmenté de plus de 50 % au cours de la dernière décennie comparativement à une augmentation d’à peine 10 % pour la population totale de détenus durant la même période.
Qui plus est, les maladies mentales sont de plus en plus fréquentes chez les détenus, toutes catégories confondues, et nos établissements fédéraux reçoivent désormais certaines des concentrations les plus élevées au pays de personnes qui ont des problèmes de santé mentale.
S’agit-il de l’endroit où ces personnes devraient être? Avons-nous les installations et les ressources pour les prendre en charge efficacement?
Lorsque les Canadiens ont élu notre gouvernement l’automne dernier, nous avons dit très clairement que nous devions examiner ces deux enjeux, soit la surreprésentation des Autochtones dans la population carcérale et la prévalence de problèmes de santé mentale.

Le premier ministre Justin Trudeau a établi un mandat précis en faveur du changement.
Bref, nous ne pouvons fermer les yeux sur les lacunes existant dans notre système de justice pénale qui piègent nos concitoyens les plus vulnérables.
Nous allons examiner les changements apportés à notre système de justice pénale et au processus de détermination de la peine au cours de la dernière décennie pour déterminer leur valeur. Nous devons être certains que ces changements améliorent réellement la sécurité dans nos collectivités, que nous en avons pour notre argent et qu’ils correspondent à des objectifs sensés de politique publique.
Nous souhaitons miser davantage sur la justice réparatrice et veiller, dans toute la mesure du possible, à ce que des tragédies comme celle dont a été victime Ashley Smith ne se reproduisent plus.
Nous nous engageons à combler les lacunes dans les services aux populations autochtones et aux personnes atteintes de maladies mentales dans l’ensemble de notre système de justice pénale.
Et le SCC jouera un rôle important afin de nous aider à atteindre ces objectifs cruciaux.
Ensemble, nous nous assurerons d’avoir à notre disposition les outils nécessaires non seulement pour tenir les parties coupables responsables de leur comportement illégal, mais aussi pour créer un environnement qui favorise la réhabilitation afin de réduire le nombre de récidivistes et de victimes, et, en fin de compte, d’accroître la sécurité des collectivités.
Pour cela, il faudra réexaminer certaines des décisions prises dans le passé. Par exemple, bon nombre de mes collègues au Parlement ont posé des questions concernant les modifications apportées au programme d’aumônerie, la perte des fermes, les programmes tels que les cercles de soutien et de responsabilité (CSR) et le recours à l’isolement. Nous devons trouver des réponses à ces questions.
Cela ne signifie pas que nous renverserons aveuglément tous les mesures prises par le gouvernement précédent.
Cela signifie, par contre, que nous devons nous assurer que les politiques du gouvernement sont saines et fondées sur des preuves, non pas sur une idéologie. Nous devons nous assurer en outre que ce que nous obtenons sert l’intérêt des Canadiens.
Les dernières années n’ont pas été faciles. Les décisions financières en particulier ont fait que les fonctionnaires ont dû accomplir plus avec moins. Le SCC a été particulièrement touché.
Le fait que, d’un point de vue global, vous ayez maintenu des résultats correctionnels positifs démontre la résilience de vos employés et de votre organisation. Je suis encouragé lorsque je pense à ce que nous pouvons accomplir ensemble dans le cadre d’un engagement commun envers un changement positif.
Cet engagement comprend l’enquêteur correctionnel dont le rôle consiste à poser les questions difficiles et à faire la lumière sur les secteurs que nous devons améliorer.
J’ai énormément de respect pour le travail et l’engagement des employés du Bureau de l’enquêteur correctionnel (BEC).
Il n’est jamais facile d’occuper un poste où l’on doit dire à quelqu’un d’autre que l’on n’est pas satisfait de son travail. Il n’est pas facile pour vous non plus d’entendre que le système connaît des ratés dans un domaine donné.
Les liens entre le BEC et le SCC sont toutefois importants, car ils permettent d’exercer une fonction de remise en question importante. Nous pouvons ainsi améliorer nos méthodes de travail et obtenir de meilleurs résultats. Nous sommes tous concernés.
Cette situation vise aussi les nombreux partenaires, les employés et les organismes qui travaillent auprès des délinquants dans les établissements et la collectivité. Ils jouent un rôle essentiel en appuyant les délinquants en vue de leur réinsertion sociale, notamment en les préparant à devenir, espérons-le, des membres productifs de la société.
Nous devons continuer d’entretenir ces relations.
Le premier ministre a indiqué que nous entrons dans une nouvelle ère en ce qui a trait à nos pratiques gouvernementales, à notre mode d’interaction les uns avec les autres et à notre manière de procéder.
Je sais que ce travail peut souvent être difficile et frustrant.
Toutefois, le premier ministre a souvent déclaré ceci : « Nous sommes au Canada. Et au Canada, il est toujours possible de faire mieux ». Nous devons nous efforcer de faire mieux.
Vos idées, votre expérience, votre expertise, votre jugement et votre dynamisme sont essentiels à l’atteinte de ces objectifs communs. J’ai hâte de travailler avec vous à l’amélioration du système correctionnel.