L’été dernier, l’Établissement de Collins Bay (ECB) à Kingston, en Ontario, a lancé une nouvelle initiative apicole, grâce à des partenariats avec le Collège Algonquin, un étudiant de l’Université Carleton, CORCAN et huit détenus.
Sam Davidson, instructeur en apiculture et étudiant à Carleton, a élaboré et animé un programme apicole de dix semaines auprès de détenus de l’ECB. Les délinquants ont rencontré l’instructeur tous les 10 jours pendant le programme afin d’évaluer la santé des abeilles tout en apprenant comment en prendre soin et pratiquer l’apiculture.
Sam a rencontré les détenus chaque semaine et animé des séances couvrant la biologie des abeilles, les pratiques d’élevage, les facteurs environnementaux ayant une incidence sur la santé des abeilles et les bases générales de l’apiculture.
Dès l’abord, Sam a été surpris par l’enthousiasme manifesté par les détenus s’occupant des abeilles. « J’ai senti que tous les détenus étaient très enthousiastes! J’ai apporté ma collection de livres sur le soin des abeilles et je les leur ai laissés pour l’été. À mon retour, les détenus les avaient lus de la première à la dernière page et m’ont posé des questions pertinentes. »
Après les leçons théoriques, les détenus accompagnaient Sam aux ruches se trouvant à la ferme de Collins Bay afin de mettre en pratique ce qu’ils avaient appris.
« Chaque semaine, nous parlions pendant une heure et demie, puis nous enfilions notre tenue et nous nous rendions aux ruches pour y travailler. Quatre délinquants étaient très assidus et venaient chaque semaine; il y avait beaucoup d’excitation et de nervosité, du fait que cela peut être intimidant. »
Ensemble ils ont pris soin de deux ruches et contribué à leur bonne santé au sein même de l’Établissement, qui auront produit environ 140 livres de miel au moment de la récolte à l’automne.
L’initiative, rendue possible grâce à une subvention du CUROP (Carleton University Research Opportunity Program), visait à étudier les effets possibles de l’apiculture sur la forme physique, la santé mentale ainsi que les déterminants sociaux de la santé.
Bien que l’on puisse au début éprouver de la crainte à s’occuper d’abeilles domestiques, des études ont indiqué que l’apiculture thérapeutique pouvait être utile en tant qu’intervention en travail social, car elle apporte à la fois les avantages du travail en groupe et d’un contact avec la nature.
L’apiculture exige des gestes calmes et posés ainsi qu’une communication claire entre les apiculteurs. Bien que l’apiculture ne soit pas très exigeante sur le plan physique, il est nécessaire de travailler en équipe et d’assurer un espace de travail sans stress pour s’occuper des abeilles, ce dont Sam s’est aperçu en travaillant avec les détenus. « La forme physique des détenus ne s’est peut-être pas améliorée, cependant presque tous ont indiqué qu’ils étaient en meilleure santé mentale en raison de la nature méditative du travail lui-même, et cela a contribué à améliorer la dimension sociale de leur vie. »
L’apiculture contribue à l’amélioration des déterminants sociaux de la santé en créant des communautés, en renforçant le sentiment d’appartenance de chacun et en la volonté de mettre en commun des connaissances et des compétences. Elle contribue aussi à améliorer la santé mentale en réduisant l’anxiété et le stress, en affermissant la confiance, en favorisant la pleine conscience et en fournissant des occasions de travailler avec d’autres personnes ou en groupe vers l’atteinte d’un objectif commun. L’apiculture est de plus en plus populaire en tant que méthode de relaxation en raison de sa nature méditative et en tant qu’intervention efficace en travail social.
On pourrait communément penser que les compétences nécessaires pour faire le miel sont innées chez les abeilles, mais c’est faux. En fait, les abeilles expérimentées apprennent aux plus jeunes comment polliniser les fleurs et produire le miel. Tout comme les jeunes abeilles, les délinquants sont formés par des apiculteurs chevronnés et suivent une formation professionnelle ou menant à une certification, dans le cours Best management Practices for Honey Bee Health – Introductory to Beekeeping (introduction à l’apiculture axée sur les meilleures pratiques de gestion pour la santé des abeilles) donné par le Collège algonquin à Ottawa.
Au terme du programme, les délinquants ont obtenu un certificat d’achèvement décerné par Sam, et certains ont obtenu un certificat professionnel. L’objectif de la formation professionnelle est d’aider les délinquants à acquérir des compétences techniques, polyvalentes et comportementales augmentant les probabilités qu’ils trouvent un emploi après leur libération. Toutes les formations professionnelles doivent être certifiées par des tierces parties. Cela signifie que le certificat que reçoit un délinquant sera reconnu dans la collectivité. Cela aidera aussi les délinquants à trouver un emploi valable à leur retour dans la société.
CORCAN est toujours à la recherche de nouvelles occasions, telles que cette initiative apicole, d’établir des partenariats avec les collectivités afin de créer de nouvelles formations professionnelles et de nouvelles possibilités d’emploi pour les délinquants.
Le programme a connu tant de succès l’an dernier que l’on a augmenté le nombre de ruches à l’ECB et qu’il a été lancé à l’Établissement de Joyceville cette année, chaque établissement s’occupant de dix ruches.
Et quel nom a-t-on donné à la reine-abeille, croyez-vous? Beyoncé.
Le saviez-vous?
- La pratique de l’apiculture date d’au moins 4 500 ans.
- Une ruche peut compter jusqu’à 70 000 abeilles.
- L’abeille domestique est le seul insecte produisant un aliment consommé par les humains.
- Les abeilles d’une ruche doivent voler sur 55 000 milles (88,514 km) afin de produire une livre de miel.
- L’humidité hivernale est plus dommageable que le froid pour les abeilles.
- Le varroa, un acarien, est une des difficultés que connaît l’apiculture au Canada et peut avoir de graves conséquences s’il se loge dans une ruche.