Des détenus qui s’entraident – Dwayne Cole tente le coup avec certains condamnés à perpétuité

En 2007, Dwayne Cole était agent correctionnel à l’Établissement de Stony Mountain, au Manitoba. Il avait un peu plus d’une décennie d’expérience à son actif, mais cela ne changeait rien au fait que son travail comportait de nombreux défis, qui se présentaient souvent au milieu de la nuit lorsque le reste de l’établissement était calme.

« Nous avions beaucoup d’hommes durs dans notre rangée », explique-t-il. « Ils éprouvaient des difficultés et avaient besoin d’un soutien supplémentaire. Je me souviens d’un d’entre eux avec qui il était particulièrement difficile de travailler. Il pouvait être une, deux ou trois heures du matin, et peu importe ce que nous faisions, nous n’arrivions à rien avec lui. Je me souviens avoir pensé qu’il devait y avoir une meilleure façon de procéder. »

Il y avait en effet une meilleure méthode, que Dwayne a découverte en sortant des sentiers battus dans sa réflexion et qu’il a pu mettre en œuvre grâce au soutien et à l’ouverture d’esprit de son équipe de gestion. Une nouvelle façon d’aider les détenus qui donnaient l’impression de ne pas vouloir recevoir de l’aide.

« Cet homme était très en colère contre nous un soir », raconte Dwayne. « Il ne voulait pas nous parler, il refusait de nous écouter, il ne voulait rien avoir à faire avec un membre du personnel. À ce moment-là, je me suis demandé ce qui se passerait si au lieu d’envoyer un employé lui parler, on demandait à un détenu d’aller le voir et de l’écouter. »

Dwayne a choisi un détenu qui avait une bonne réputation et qui serait bien accueilli par la personne en difficulté. Ce détenu purgeait une peine d’emprisonnement à perpétuité (condamné à perpétuité) et était très heureux de pouvoir aider. « Il s’est rendu dans la rangée pour discuter avec l’homme. Je vous le dis, cinq minutes plus tard, l’homme était calmé. C’était remarquable. »

C’est ainsi qu’est né ce qui est maintenant connu sous le nom de Service de prévention avec l’aide de pairs, ou POPS (Peer Offender Prevention Service), à l’Établissement de Stony Mountain. Dwayne est le fondateur et le coordonnateur de ce programme qui, depuis 2010, a réalisé plus de 24 000 interventions auprès de détenus qui avaient besoin d’une oreille attentive. L’effectif du programme se compose d’une poignée de détenus qui purgent une peine d’emprisonnement à perpétuité, qui sont respectés par les détenus et le personnel de l’établissement et qui sont formés pour effectuer des interventions non médicales ou non cliniques auprès de leurs pairs. Ils constituent un petit groupe de soutien informel au sein de l’établissement et ils sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour aider tout détenu qui en a besoin.

« La devise du Service de prévention avec l’aide de pairs est celle-ci : nous avons enlevé une vie, maintenant nous en sauvons une », explique Dwayne. « Pour eux, cela représente une possibilité de rédemption, une occasion de faire le bien dans le monde. Ils le font en offrant du soutien, des conseils et du réconfort à leurs pairs qui vivent des situations stressantes et qui veulent simplement parler à quelqu’un qui ne porte pas un uniforme. »

Dans le cadre de leur rôle au sein du Service de prévention avec l’aide de pairs, tous les condamnés à perpétuité qui participent au programme reçoivent une formation qui est donnée par des organismes externes qualifiés. Ils travaillent aussi chaque jour en étroite collaboration avec Dwayne, et celui-ci s’assure que le programme fonctionne de façon optimale et offre le meilleur service possible aux détenus de l’établissement. Le Service de prévention avec l’aide de pairs fonctionne en toute confidentialité, sauf si les intervenants estiment qu’un détenu représente un danger pour lui-même ou pour les autres. Dans un tel cas, le personnel est informé et des professionnels de la santé mentale sont convoqués pour travailler avec le détenu.

Malgré le succès du programme à l’Établissement de Stony Mountain, Dwayne prévient que la mise en œuvre d’un service comme celui-ci n’a rien de simple et que ce type d’initiative nécessite une réflexion et une planification appropriées. Pour lui, la sécurité de l’établissement, du personnel et des détenus a toujours été et sera toujours une priorité absolue.

« On ne peut pas demander à n’importe quel détenu d’aller parler à n’importe quel autre détenu », précise-t-il. « Il faut s’assurer de réellement connaître la dynamique de l’établissement et de sa population avant d’intervenir de cette façon. »

Il reste que Dwayne est fier que son idée ait connu un tel succès. Il trouve gratifiant de voir des détenus en difficulté recevoir de l’aide, et des condamnés à perpétuité saisir l’occasion de faire quelque chose de positif. Pour lui, l’idée est d’aider les gens, et c’est le principe sur lequel reposent les services correctionnels.

Dwayne a constaté par lui-même les liens qui se tissent entre un pair du Service de prévention avec l’aide de pairs et un détenu qui a besoin d’un allié. Il a entendu un pair dire : « Je veux que tu m’appelles chaque fois que tu as besoin de moi. Je serai là pour toi. » Il poursuit en disant : « C’est vraiment merveilleux d’observer ce type d’interaction dans un lieu comme celui-ci. Il se passe beaucoup de bonnes choses ici et je suis heureux d’y participer. »

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