Le 27 août, un capteur de rêves orné d’un petit chandail orange perlé au centre a été déposé au monument du pensionnat autochtone de Kamloops. Une note placée sous le capteur de rêves indiquait : « Fabriqué en l’honneur des enfants envoyés aux pensionnats autochtones qui ne sont jamais revenus, par les frères autochtones des Sentiers à l’Établissement de Joyceville (sécurité minimale) du SCC.
Capteur de rêves au bas du monument dans Kamloops avec une note qui dit : "Fabriqué en l’honneur des enfants envoyés aux pensionnats autochtones qui ne sont jamais revenus, par les frères autochtones des Sentiers à l’Établissement de Joyceville (securité minimale) du SCC. Ontario, Canada 2021.
Le capteur de rêves est le fruit d’un projet de perlage présenté par Erin McCoy, agente de liaison autochtone par intérim, aux délinquants autochtones à l’Établissement de Joyceville (sécurité minimale). Erin a vu une image d’un chandail orange perlé en ligne et pensé qu’enseigner le perlage aux hommes leur permettrait de connaître une forme d’art culturel importante. L’Aînée Melissa Graber a convenu qu’il s’agissait aussi d’une occasion pour elle de discuter de la signification du chandail orange à titre de représentation du régime des pensionnats autochtones, qui a affecté des générations de personnes issues des collectivités autochtones canadiennes et continue d’avoir des ramifications aujourd’hui.
Quatorze délinquants, dont huit participent à l’initiative des Sentiers autochtones, ont pris part au projet de perlage et ont fabriqué des petits chandails oranges et des rubans oranges qui ont été montés sur des épinglettes.
Deux petits chandails perlés transformés en épinglettes que le personnel peut porter en souvenir de l’importance de la vérité et de la réconciliation.
Erin indique que le projet de perlage a remporté un franc succès à bien des égards.
« Apprendre le perlage aux hommes leur enseigne la patience et la dextérité. Lorsqu’ils font de l’artisanat, ils réfléchissent également à la signification de leur travail de perlage, indique Erin. Parfois, l’art libère notre esprit du chaos qui peut s’y trouver. C’est une façon pour les hommes de relâcher leur stress. En fabriquant des œuvres d’art culturelles, certains hommes doivent se lever et quitter la pièce, car ils fondent en larmes. Cela les touche. »
Ralph est l’un des participants qui a été profondément touché par la nouvelle de la découverte des restes d’enfants autochtones sur le terrain de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops.
« Je pouvais vraiment m’identifier aux épreuves qu’ont subi ces enfants, » indique Ralph, dont les grands-parents ont été pensionnaires. « C’est quelque chose que je me devais vraiment de faire afin de reconnaître l’injustice commise contre ces enfants. »
Ralph a fabriqué environ 30 épinglettes et rubans arborant un petit chandail orange et les a offerts à toutes les employées pour qu’elles les portent.
Un exemple des rubans oranges perlés par les délinquants.
Lorsque Melissa a mentionné qu’elle se rendait à Kamloops et visiterait l’ancien pensionnat autochtone afin de faire une offrande de tabac et de foin d’odeur, Ralph a demandé si elle pouvait apporter avec elle l’un des chandails oranges perlés. Melissa lui a répondu qu’elle serait honorée de le faire.
Il a créé un chandail orange perlé de deux pouces sur trois pouces avec une roue de médecine à l’intérieur qu’il a suspendu au centre d’un capteur de rêves de huit pouces de diamètre que Melissa devait déposer au monument. Il a encadré un autre chandail orange avec du bois de grange afin qu’elle le présente au bureau du conseil de bande de la Première Nation de Shuswap près de l’ancien pensionnat.
Melissa a eu l’occasion d’offrir le chandail encadré à la chef de bande, Roseanne Casimir, en indiquant qu’il a été fabriqué « non seulement en l’honneur des enfants qui ne sont pas rentrés à la maison, mais pour tous les enfants – les survivants des pensionnats – et le traumatisme que ces personnes et leurs familles éprouvent. »
Sur les lieux de l’ancien pensionnat, Melissa a déposé ses offrandes sur le monument.
« Le fait d’être sur les marches et le terrain de l’ancien pensionnat suscite un sentiment bien spécial, affirme-t-elle. C’était très émouvant, un moment très fort que de se tenir sur ces terres avec les montagnes en arrière-plan. »
Lorsque Melissa est rentrée de Kamloops, elle a raconté le tout aux hommes.
« On pouvait voir qu’ils étaient émus et qu’ils avaient ce projet à cœur. C’est comme si cet exercice leur a donné un objectif leur permettant de faire des démarches positives eux-mêmes afin de devenir une meilleure personne par rapport au passé, indique Erin. Je dirais même qu’il s’agit pour eux d’une source de motivation supplémentaire sur leur parcours de guérison. »
Pour Ralph, cela a revêtu une importance particulière.
« Cela m’a fait énormément de bien, dit-il. C’est quelque chose que je dois faire, à mon avis, pour poursuivre mon parcours de guérison – c’est-à-dire rectifier les mauvaises décisions du passé. »
Le monument du pensionnat autochtone de Kamloops où Melissa a déposé le capteur de rêves orné d’un chandail orange perlé. Le monument dit "Ce monument vise à rendre hommage à tous les survivants des bandes Secwepemc qui ont fréquenté le pensionnat de Kamloops, qui ont tous souffert durant la période du génocide dans l’histoire du pensionnat autochtone de Kamloops, et à rendre hommage à tous les survivants qui ne sont pas parmi nous aujourd’hui, mais qui le sont en esprit."