En 2015, le gouvernement du Canada a adopté la Loi sur l’embauche des anciens combattants dans le but de modifier le système de dotation de la fonction publique du Canada afin d’offrir aux anciens combattants des possibilités d’emploi. Cette loi a conféré au Service correctionnel du Canada (SCC) et à d’autres ministères le mandat d’axer les initiatives d’embauche sur les anciens combattants.
Dans un entretien avec Entre Nous Express, John Croucher a évoqué le Secrétariat du soutien aux anciens combattants (SSAC) du SCC. Il était capitaine du régiment Princess Patricia’s Canadian Light Infantry avant d’être libéré pour raisons médicales après avoir subi de graves blessures en Afghanistan. Il a été embauché comme directeur adjoint des Opérations à l’Établissement d’Edmonton en 2015.
Pourquoi le Secrétariat du soutien aux anciens combattants a-t-il été créé?
Le SCC embauchait des anciens combattants, mais ces derniers ne restaient pas. Alors en 2017, Don Head, le commissaire de l’époque, m’a demandé d’entreprendre un projet pour enquêter sur ce qui se passait; pourquoi nous avions un niveau de maintien en poste si bas par rapport à d’autres ministères, comme l’Agence des services frontaliers du Canada, l’Agence du revenu du Canada, Ressources naturelles Canada. C’était donc le point de départ du Secrétariat. J’ai commencé à examiner la tendance d’embauche : embaucher, soutenir et aider les anciens combattants que nous avions déjà engagés. Tous ces éléments sont la raison d’être du SSAC.
À quels défis les anciens combattants étaient-ils confrontés lors de leur transition vers le SCC?
Le défi ne se rapportait pas au SCC comme tel. C’était un défi pour les anciens combattants qui quittaient les Forces armées canadiennes (FAC) et qui entraient dans la fonction publique. J’ai trouvé très difficile ma propre transition des FAC à la fonction publique fédérale. Cette transition est un changement complet sur le plan professionnel et du mode de vie, car il y a eu des ajustements à ma routine quotidienne et à la manière dont j’interagis avec les autres. J’ai trouvé que l’environnement de travail était très différent de celui des FAC. J’ai constaté que c’était la même chose pour les autres anciens combattants.
En plus d’une transition culturelle importante, les anciens combattants ont des difficultés avec l’administration, la rémunération et d’autres choses dont on s’occupe habituellement pour eux dans les FAC. Ce n’est pas le cas quand vous entrez dans la fonction publique. Il nous manquait un processus d’intégration : un effort pour aider les nouveaux employés à faire la transition vers leur nouveau travail, quel qu’il soit.
Qu’a accompli le Secrétariat depuis sa création?
Le Secrétariat a accompli deux grandes réalisations pour aider les anciens combattants. Tout d’abord, nous avons réalisé une étude de cas, et nous avons communiqué avec les anciens combattants qui se sont identifiés comme tels pour savoir où ils travaillent au SCC, la manière dont ils ont été embauchés et les problèmes qu’ils ont rencontrés lors de leur transition. Cela nous a ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je pensais que la majorité de nos anciens combattants étaient des agents correctionnels, mais ce n’est pas le cas. Ces derniers représentent le plus petit nombre d’anciens combattants au SCC. La plupart d’entre eux travaillent dans les services de bureau, administratifs et réglementaires. L’étude de cas a permis d’établir les bases nécessaires pour comprendre ce que nous devons faire pour aider nos anciens combattants.
Ensuite, on a créé le Comité consultatif national sur les anciens combattants. Nous avons fait de la publicité partout au pays afin que des anciens combattants se portent volontaires pour représenter chacune des régions. Nous avons maintenant un ou deux anciens combattants dans chaque région qui se réunissent tous les trimestres au sein d’un comité, qui relève directement de la directrice générale, Classification, ressourcement et opérations. Il s’agit d’un groupe diversifié, qui représente des classifications de postes dans tout le Canada et dont les membres discutent de problèmes des anciens combattants et de ce qui se passe dans leur région.
Comment le SCC attire-t-il les anciens combattants et fait-il la promotion des postes de travail auprès d’eux?
Nous devons être une organisation suffisamment diversifiée afin d’attirer des anciens combattants pour différents emplois, et nous devons nous assurer que ces emplois leur conviennent. Avant la COVID, nous participions à des activités de recrutement spécialement destinées aux anciens combattants. Nous travaillons en étroite collaboration avec Anciens Combattants Canada (ACC) et nous communiquons avec ACC deux ou trois fois par semaine à propos de toutes sortes de questions. Nous avons donc de très bonnes communications avec ACC, les FAC, ainsi qu’avec Emploi et Développement social Canada et la Commission de la fonction publique. Tous ces réseaux nous aident vraiment à soutenir les anciens combattants.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les responsables de la dotation et du recrutement pour connaître les besoins du SCC. Il existe une entité au sein des Forces armées (le Groupe de transition des Forces armées canadiennes) qui se concentre sur toute personne en service qui envisage de partir ou de prendre sa retraite. Nous communiquons directement avec ce groupe pour annoncer que nous recrutons des anciens combattants. Nous avons également notre propre base de données d’anciens combattants qui ont communiqué directement avec nous et qui souhaitent être employés par le SCC.
Un ancien combattant pourrait venir nous voir en disant : « Je veux être agent correctionnel. » Mais il est important de vérifier pourquoi l’ancien combattant quitte l’armée, ainsi que les compétences qu’il a à offrir, pour déterminer ce qui lui conviendrait le mieux. Donc, nous aidons à informer l’ancien combattant avant qu’il ne pose sa candidature. C’est une chose de recruter des anciens combattants, mais si nous les embauchons dans un poste qui ne leur convient pas, ils pourraient ne pas réussir ou partir. Ce n’est bon ni pour le SCC ni pour l’ancien combattant.
Le Secrétariat a analysé ces possibilités d’adéquation. L’autre élément est l’intégration. Une fois qu’ils sont embauchés, nous les aidons à s’adapter rapidement.
Combien d’anciens combattants travaillent au SCC?
Malheureusement, lorsqu’un ancien combattant, ou n’importe qui d’autre, est embauché, il n’y a pas de case à cocher sur les antécédents militaires; donc aucun moyen de savoir combien d’anciens combattants nous avons. Nous avons commencé à brosser le tableau des régions, et nous avons demandé aux anciens combattants de s’identifier; d’entre eux, 287 l’ont fait. Cependant, le nombre moyen d’anciens combattants travaillant dans la fonction publique représente entre cinq et huit pour cent des employés. Comme le SCC a été reconnu par ACC et la fonction publique comme l’un des employeurs de prédilection pour les anciens combattants, j’estime que le nombre réel d’anciens combattants, selon la moyenne statistique nationale, serait d’environ 1 250.
Chaque ministère dispose-t-il d’un secrétariat du soutien aux anciens combattants?
Non, pour le moment, le SSAC est propre au SCC. Nous avons mis sur pied un réseau grâce à des discussions avec d’autres ministères qui examinent notre modèle de SSAC dans l’espoir de créer quelque chose de semblable au sein de leur organisme. Cela dit, d’autres ministères de la fonction publique disposent de gens qui se concentrent sur les problèmes propres aux anciens combattants ayant une incidence sur le succès potentiel de ces derniers.
Le Secrétariat du soutien aux anciens combattants est un ajout bien accueilli au Service correctionnel du Canada; il soutient les employés nouvellement embauchés pendant leur transition et leur emploi dans la fonction publique du Canada. L’embauche d’anciens combattants est une pratique inclusive qui contribue à l’expérience diversifiée de l’effectif du SCC et lui apporte une perspective unique. Il est tout à l’avantage du SCC de créer des occasions d’inclure les anciens combattants dans ses milieux de travail et de mettre leur expérience en valeur.
Le Secrétariat du soutien aux anciens combattants souhaite inviter tous les anciens combattants des Forces armées canadiennes (FAC) à se lever et à nous dire qu’ils sont là. Notre communauté d’anciens combattants au SCC continue de grandir et nous souhaitons la voir jouer un rôle dans la manière dont nous améliorons notre soutien. Communiquez avec nous en envoyant un courriel au Secrétariat du soutien aux anciens combattants à :