Lorsque nous parlons des services correctionnels, la conversation tourne souvent autour des délinquants et des victimes. Par conséquent, nous oublions souvent les familles des délinquants, qui sont grandement touchées en raison du crime commis. L’importance de la famille devient plus évidente à mesure que le besoin d’un système de soutien se fait sentir pour les délinquants pendant et après leur incarcération. Le Regroupement canadien d'aide aux familles des détenu(e)s (RCAFD) est un organisme de bienfaisance qui met l’accent sur le renforcement des relations familiales pour les délinquants en fournissant gratuitement des renseignements sur les services d’aiguillage et un accès à ces services. Certains de ces services comprennent des aiguillages vers diverses organisations communautaires qui offrent notamment de l’information, des séances de sensibilisation, de l’aide en matière de santé mentale et des groupes de soutien. Comme les services fournis sont communautaires, nous sommes sensibles aux délinquants ethnoculturels et à leur famille.
Un livre intitulé Fini la prison pour Julien a été créé et publié en 2017, dans le cadre d’une collaboration entre le Service correctionnel du Canada et le RCAFD. Il constitue la suite du livre La prison pour Julien, qui a été reconnu par les Nations Unies lors de la journée des enfants de parents incarcérés, à Genève, en 2011. La prison pour Julien est une ressource élaborée pour sensibiliser les enfants et les familles aux effets de l’incarcération d’un parent. Fini la prison pour Julien découle du besoin de continuer l’histoire et d’aider les familles et les enfants à faire face aux difficultés au moment du retour d’un être cher d’un établissement correctionnel (réinsertion sociale).
La suite s’accompagne d’un thème multiculturel visant à joindre le segment ethnoculturel de la population canadienne. Le RCAFD a jugé ce thème important, puisque le Canada compte une multitude de groupes ethniques, chacun ayant beaucoup à offrir et ayant besoin de se sentir inclus. Les auteures voulaient que le livre reflète réellement nos écoles et nos collectivités d’aujourd’hui. Ce livre a toujours été un but visé par le RCAFD, et la rétroaction montre qu’il s’agit d’un grand succès. Margaret Holland, auteure et coordonnatrice du RCAFD de l’Ontario, explique l’importance du livre :
« La libération conditionnelle est un moment éprouvant pour de nombreuses familles, qui vivent des émotions partagées : joie, anxiété et volonté de commencer une nouvelle vie. J’espérais que le livre donne aux enfants, en particulier, et aux familles un aperçu de ce à quoi l’avenir pourrait ressembler, afin qu’ils puissent se préparer et passer à autre chose. »
Sachant qu’il manque de ressources pour les enfants, surtout les enfants appartenant à un groupe ethnique, le RCAFD espère aider, par la publication du livre, les familles et les enfants qui font face aux effets collatéraux de l’incarcération. Le livre permet aux enfants de savoir qu’ils ne sont pas seuls. De plus, le RCAFD veut aider les parents, les fournisseurs de soins, les conseillers et les enseignants en leur donnant une ressource qui facilitera les conversations ouvertes et franches à propos de l’incarcération. Sherman Chan, membre du Comité consultatif national ethnoculturel (CCNE) et directeur des Services d’établissement à MOSAIC – Colombie-Britannique, a dit ce qui suit :
« Par l’entremise de Julien, l’histoire, narrée à la première personne, réussit à bien capter l’attention du lecteur. L’histoire se lit bien et aborde des difficultés et des expériences auxquelles les nouveaux arrivants font aussi face au moment de leur établissement et de leur intégration dans la société canadienne; de nombreux nouveaux arrivants, des enfants comme des familles, peuvent se reconnaître dans cette histoire. »
Le RCAFD adopte une approche liée à la justice réparatrice dans tout son travail. Par conséquent, il tient toujours compte des gens qui ont subi des torts, de ceux qui les ont causés et de la collectivité. L’organisation entretient une relation de longue date axée sur le respect avec le SCC, travaillant notamment avec l’Aumônerie, les Services correctionnels communautaires, les Services aux victimes, la Justice réparatrice, le Secteur des délinquantes et les responsables du Programme de liaison avec la collectivité. Le RCAFD estime que la collaboration avec le SCC et le CCNE constitue une merveilleuse expérience, puisque les deux sont ouverts aux nouvelles idées et croient que les familles et les collectivités sont une ressource importante dans le parcours correctionnel des délinquants. On cherche constamment de nouvelles idées ainsi que du financement et du soutien supplémentaires afin de pouvoir offrir davantage de ressources pour aider les familles et sensibiliser les collectivités partout au Canada.
Commentaires
Très bon article. Bravo