La santé mentale et le mieux-être des employés du SCC

Questions et réponses avec Nathalie Dufresne-Meek

Nathalie Dufresne-Meek

Nathalie Dufresne-Meek, ancienne directrice générale des Relations de travail et de la gestion du milieu de travail au SCC. Entre 1989 et 1990, elle fut agente de libération conditionnelle dans la région de l’Ontario. Elle a ensuite obtenu une maîtrise en criminologie appliquée et a commencé à travailler pour la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail en 1996. Elle est revenue au SCC en 2006 et a participé aux travaux du Comité directeur sur les atteintes à la santé mentale en milieu de travail de 2015 jusqu’à sa retraite en 2022.

Au cours des dernières années, les discussions sur la santé mentale ont fait leur entrée dans les conversations courantes de nos collectivités. Il est devenu de plus en plus essentiel pour la haute direction du Service correctionnel du Canada (SCC) de répondre aux besoins des employés en matière de santé mentale.

Nathalie Dufresne-Meek est l’ancienne directrice générale des Relations de travail et de la gestion du milieu de travail. Elle a été la championne nationale de la diversité des employés pour les personnes handicapées et une ardente partisane du mieux-être en milieu de travail tout au long de sa carrière. Nous lui avons parlé avant qu’elle ne prenne sa retraite en février 2022 et lui avons demandé de nous transmettre ses conseils et sa sagesse sur le mieux-être mental au SCC.

Pourquoi la santé mentale et le mieux-être des employés sont-ils importants ?

« Les employés sont vraiment la pierre angulaire de l’organisation et le travail que nous faisons pour nos populations de détenus et de délinquants est lié à notre mandat. Afin d’offrir les meilleurs services, activités et programmes possibles dans l’ensemble des secteurs et des régions, et pour donner toute la crédibilité au mandat que nous avons au SCC, il nous faut un environnement qui favorise la bonne santé des employés, y compris la santé mentale.

Nous voulons que les gens travaillent au mieux de leur capacité. De plus, pour que les employés puissent continuer à contribuer à leur collectivité et à leur famille, ils doivent être au mieux de leur forme. Pour ce faire, ils doivent être en bonne santé — avoir un bon bien-être physique et mental. C’est pourquoi la santé mentale est si importante. »

Quelles mesures le SCC a-t-il prises pour faire de la santé mentale des employés une priorité ?

« La commissaire Anne Kelly dirige le Comité directeur sur les atteintes à la santé mentale en milieu de travail. Lorsque le comité a été créé en 2015, il a vraiment mis en lumière l’importance de la santé mentale. Il a fait valoir l’importance de pouvoir se présenter et dire que l’on avait besoin de soutien en milieu de travail afin d’être productif et de faire de son mieux.

Il est important d’entendre des personnes dont la santé mentale a été mise en péril. Les gestionnaires sont là pour entendre, échanger et envisager ce que nous pouvons faire en tant qu’organisation pour améliorer l’expérience des personnes avec des problèmes de santé mentale au travail ou à la maison. Le comité est composé d’employés ayant une expérience vécue, de gestionnaires, d’employés de la Direction de l’apprentissage et du perfectionnement ainsi que de la Division du mieux-être en milieu de travail et du bien-être des employés, d’un agent de libération conditionnelle, d’une infirmière et de partenaires syndicaux.

Le groupe a évolué pour offrir des possibilités de formation. Nous avons offert un cours intitulé En route vers la préparation mentale en 2016 et 2017 dans le cadre d’un projet pilote mené dans les régions du Pacifique et du Québec, puis nous l’avons offert dans tout le pays. Il est devenu une norme nationale de formation pour tout le monde. Nous avons fait appel à un psychologue et à un chercheur qui ont travaillé avec le SCC pour élaborer un autre cours intitulé Formation avancée sur la force mentale. Il est maintenant obligatoire pour les agents correctionnels, et une version abrégée sera obligatoire pour tous les employés.

Dans notre milieu de travail, on a souvent l’impression qu’il faut être coriace. Si vous vous permettez d’être vulnérable en racontant aux autres que vous avez un problème de santé mentale, vos collègues peuvent avoir des craintes. Tout cela nous ramène à la stigmatisation. Nous avons vraiment travaillé sur la déstigmatisation.

Nous avons demandé à des employés ayant une expérience vécue de se présenter ¬— de se rendre vraiment vulnérables devant leurs collègues — et de tourner des vidéos sur leur cheminement, sur ce qui leur est arrivé et sur la façon dont ils ont pu se rétablir suffisamment pour continuer à travailler ou pas. C’était extrêmement touchant et c’était une autre façon d’encourager la discussion sur la santé mentale.

Nous avons rédigé un guide sur la façon d'aider les gestionnaires à faire face au décès d’un employé au travail. Présentement, nous soutenons l’Établissement de Collins Bay, qui se lance dans un projet pilote avec Wounded Warriors Canada pour étudier un outil de résilience destiné au personnel de l’établissement; il est toujours important d’avoir de nouveaux outils dans la boîte à outils.

La commissaire Kelly continue à s’investir pleinement. Nous avons encore du chemin à parcourir, mais je pense que, dans une certaine mesure, cela a encouragé les gens à se présenter et à demander l’aide dont ils ont besoin. »

Pourquoi la coopération avec les autres services de sécurité publique et les organisations externes est elle essentielle ?

« Nous avons beaucoup discuté avec l’Agence des services frontaliers du Canada, la Gendarmerie royale du Canada et Emploi et Développement social Canada. Nous apprenons beaucoup d’eux — ce qu’est leur expérience, les décisions qu’ils ont prises dans leurs organisations, les leçons apprises et ce qui a bien fonctionné. Nous travaillons avec quelques commissions d’indemnisation des accidents du travail au pays afin qu’elles puissent examiner les options de traitement du point de vue du personnel de la sécurité publique.

Nous faisons également partie du comité directeur en sécurité publique qui soutient l’Institut canadien de recherche et de traitement en sécurité publique, lequel est composé de quatre groupes de personnel de la sécurité publique : les pompiers, le personnel paramédical, la police et les services correctionnels. Nous discutons des meilleures options de traitement pour les problèmes de santé mentale, ainsi que de la prévention du suicide et des recherches effectuées pour relever les défis.

Dans le passé, nous avons également participé à l’élaboration d’une formation avec la Commission de la santé mentale du Canada dans le cadre de ses activités de recherche et de développement. Nous donnons notre avis sur ce que nous avons vécu avec cette formation ici afin de la rendre plus acceptable dans les milieux correctionnels, car la formation a été conçue pour un environnement militaire. Il est important que nous maintenions notre coopération avec les organisations externes et que nous nous entraidions. »

Selon vous, quelles sont les priorités sur lesquelles le SCC devrait se concentrer à l’avenir?

« Il est très important de poursuivre le travail de déstigmatisation. Il y a un travail de prévention à faire. Nous continuons à travailler sur la disponibilité des traitements; le bon traitement au bon moment. Nous voulons également nous assurer que nous tendons la main aux membres des familles liées à notre personnel pour qu’ils comprennent que nous avons également des services pour eux, comme le Programme d’aide aux employés. Nous nous efforçons de donner à nos gestionnaires les moyens de soutenir leurs employés. »

Quel est, selon vous, l’héritage que vous avez laissé au SCC ?

« L’importance de la promotion d’une cause et de défendre ce en quoi vous croyez. Je pense que fournir un effort supplémentaire pour défendre ce en quoi j’ai cru fera partie de mon héritage. Défendre une personne qui a l’impression de ne pas avoir de voix ou qui ne se sentait peut-être pas assez bien pour la faire entendre.

Les gens sont importants. Vous devez être authentique et sincère dans votre approche avec les gens. Prenez du temps pour eux et prenez soin de votre propre santé. Prenez soin les uns des autres, tel est le message. »

Nous invitons les employés du SCC à consulter la section intitulée « Votre bien-être » sur l’intranet pour obtenir une variété de conseils, d’outils et de ressources. Les sites suivants sont également accessibles aux membres admissibles de leur famille :

Date de mise à jour :

Commentaires

jclarke

Gains have been made in mental health awareness and in de-stigmatising services. Last week after a tragic staff assault I saw many officers and staff attend CISM groups. This is very good progress compared to only a few years ago.
However, there is one area that is terribly neglected by CSC. Substance use. In Canada, law enforcement/first responders have up to three times the prevalence of addiction and PTSD compared to the general public (CAMH, 2018). Comparable agencies such as DND, RCMP, local police departments and health authorities have comprehensive programs that include treatment, support and monitoring of employees once they have returned to work. CSC offers nothing comparable. EAP short term solution based counselling is woefully inadequate in the context of substance use disorders. I have personally seen officers intoxicated at work or cycle through periods of abstinence and then have to go on leave once they relapse. Last year we lost an officer to addiction.
I work in addictions outside CSC and there is much more that can be done to address the issue. Comparable organizations help their employees with substance use disorders. Why doesn't CSC?