Le calendrier ethnoculturel est une source d’inspiration artistique et de changement

Le calendrier ethnoculturel mural 2023 comprend des œuvres d’art colorées et des poèmes qui font réfléchir. L’art original de chaque mois a été créé par une personne incarcérée différente.

En septembre 2022, les délinquants de partout au pays ont été invités à soumettre des œuvres d’art ou des poèmes pour le prochain calendrier sur le thème de la lutte contre le racisme et la discrimination : La diversité m’inclut – vous inclut.

« L’idée derrière le calendrier était de donner une occasion aux délinquants de montrer leurs œuvres d’art et leurs poèmes, mais aussi de faire entendre leur voix et leurs opinions à propos du racisme et de leurs expériences », explique Suzanne Cuff, gestionnaire par intérim de la Direction des services de développement social et ethnoculturel de la Division des services de réinsertion sociale.

Stylized coloured sketch of a lion’s head
Le lion, dessiné par Wm V. Schneider, est l’image du mois d’août

Les réactions ont été positives. Cinquante œuvres d’art et des poèmes ont été soumis. Un comité de sélection a examiné chacune des œuvres. En choisir seulement treize pour le calendrier a été difficile.

Suzanne affirme que les agents de programmes sociaux et les coordonnateurs des services ethnoculturels en établissement ont passé le mot dans les établissements pour encourager les délinquants à montrer leur talent. Ils ont posé des affiches et en ont fait la promotion comme étant une occasion pour les délinquants d’exprimer leurs pensées à propos du racisme et de la discrimination par leur œuvre d’art et leurs mots.

La science derrière les bienfaits de l’art

La création d’art (dessin, peinture, écriture et musique) s’est avérée bénéfique pour les personnes incarcérées.Footnote 1 Des recherches scientifiques à l’appui l’indiquent.

L’hémisphère droit du cerveau contrôle notre côté visuel et intuitif – notre côté créatif. Il est à l’origine des émotions, des rêves, de la musique, de l’art, de l’image de soi, de l’autodiscipline et de la capacité à travailler avec les autres.

Le développement de l’hémisphère droit du cerveau, par la pratique, améliore les compétences en matière de pensée critique d’une personne et l’aide à gérer ses émotions, ce qui renforce l’estime de soi. Participer à des événements artistiques donne aux délinquants un but et la conviction qu’ils peuvent apporter un changement positif dans leur vie.

Les détenus qui sont des artistes ont plus tendance à suivre d’autres programmes d’éducation ou de formation professionnelle que ceux sans cette expérience. C’est particulièrement le cas des personnes qui ont grandi dans un environnement difficile, telles que les Autochtones, les Noirs et les autres Canadiens et Canadiennes racialisés.

Le sachant, la Division des services de réinsertion sociale a pensé que la création du calendrier pourrait promouvoir les bienfaits d’être créatif.

« Nous espérons que cela encourage les délinquants à se mettre aux arts ou à s’exprimer de façon artistique », explique Bill Rasmus, directeur de la Division des services de réinsertion sociale. « Une autre chose très intéressante est que cela encourage les détenus à axer leurs projets artistiques sur le thème suggéré. »

Bill souligne que le thème du calendrier 2022, Me voici… au-delà des apparences, était une occasion pour les détenus qui sont des artistes de visualiser ce que cela signifiait pour eux. C’est la même chose pour le thème du calendrier de cette année, La diversité m’inclut – vous inclut.

A large pair of Lips with the words ‘Don’t Silence Me’ written on them
L’art du mois de janvier, l’image de lèvres à côté du poème Ne me réduisez pas au silence, a été créé par Djamila Panzo

« Je me suis permis d’être vulnérable et j’ai vraiment été au fond de mes pensées et j’ai été capable de m’exprimer de manière authentique », affirme Djamila Panzo dont le poème Ne me réduisez pas au silence a été choisi pour le mois de janvier. « J’apprécie l’occasion de m’avoir donné la possibilité de dire ma vérité, ainsi que d’éduquer le SCC et de mettre en lumière les différents problèmes auxquels les minorités font systématiquement face et j’espère sincèrement que mes mots ont été entendus. »

Une manière d’être visible

Le calendrier est une manière pour les délinquants d’être visibles aux yeux du personnel et de la collectivité. Être vus et entendus par l’entremise de leur expression artistique affirme leur humanité. Cela aide les personnes incarcérées à démontrer, à eux-mêmes et au public, qu’ils ne devraient pas être seulement définis par l’acte qui les a menés en prison. Ce sont des personnes qui sont capables de changer et qui veulent s’améliorer.

Allen Chow, dont le poème et le dessin ont été choisis pour le mois de juillet, dit qu’il a soumis ses créations « dans l’esprit de partager des idées ». Son œuvre a été inspirée par une vidéo de deux garçons d’origines raciales différentes qui courent l’un vers l’autre les bars ouverts et qui s’étreignent.

« Pour moi, cette scène est une affirmation touchante de ma conviction selon laquelle le racisme et la discrimination sont des comportements qui sont “appris” plutôt “qu’innés”. Bref, c’est quelque chose que nous apprenons de l’extérieur », explique Allen. « Je crois en la pureté et la bonté inhérentes de la nature humaine, qui bien souvent, et malheureusement, deviennent déformées par l’idéologie et le jugement. »

Black and white sketch of two boys, one Black and the other Caucasian, running toward each other with arms outstretched.
L’art du mois de juillet intègre le poème d’Allen Chow, Mon souhait, et son dessin de deux petits garçons qui courent l’un vers l’autre

Le calendrier est aussi unique puisqu’il comprend des célébrations multiculturelles et des jours importants qui ne sont pas soulignés dans la plupart des calendriers.

Deux mille calendriers 2023 ont été imprimés par l’entremise de CORCAN et un exemplaire a été remis à chaque artiste qui y a contribué. Les calendriers ont aussi été distribués à chaque établissement, à chaque bureau de libération conditionnelle, aux administrations régionales, à l’administration centrale ainsi qu’aux membres des comités consultatifs national et régionaux ethnoculturels. Il est aussi publié sur le site intranet du SCC afin que les employés puissent télécharger chaque mois et l’afficher au mur pour admirer les œuvres d’art au travail ou à la maison.

Pour les artistes dont le travail a été souligné dans le calendrier, il s’agit d’une reconnaissance spéciale.

« Lorsque j’ai été informé que mon poème avait été choisi pour le calendrier, j’étais vraiment fière de moi et j’avais hâte de l’annoncer à ma famille », exprime Djamila.

Favoriser la pratique de l’art et l’expression de soi est une manière importante de respecter les droits fondamentaux des personnes incarcérées d’être traité avec humanité et dignité. Grâce aux réactions positives des artistes comme Allen et Djamila, et du personnel, le SCC espère que plus de détenus qui sont des artistes vont être inspirés à soumettre leurs œuvres pour le calendrier 2024.

Le SCC espère également que ces efforts contribueront à son engagement continu en faveur de l’antiracisme, de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. En raison de la surreprésentation des Autochtones, des Noirs et d’autres Canadiens et Canadiennes racisés dans le système correctionnel canadien, le SCC s’affaire à créer une organisation antiraciste plus inclusive, diversifiée et équitable pour les personnes dont il a la charge et la garde.

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