Le pouvoir de la lecture : l’organisme Book Clubs for Inmates motive les femmes de l’Établissement Nova pour femmes

Reportages

Book Clubs for Inmates est un organisme de bienfaisance enregistré qui organise des clubs de lecture dirigés par des bénévoles dans les pénitenciers fédéraux de partout au Canada. Les clubs de lecture aident à donner le goût de la lecture aux détenus, à améliorer leur niveau d’alphabétisation, leur écoute et leurs aptitudes en communication verbale, en plus de dépeindre des héros et héroïnes auxquels ils peuvent s’identifier. Les clubs de lecture véhiculent, chez les détenus, un message d’espoir et d’encouragement qui leur permet de voir au-delà de la prison et du crime. 

 

Comme vous le diront tous les bénévoles de Book Clubs for Inmates (BCFI), il peut être douloureux d’écouter les détenus raconter leurs histoires de violence, de toxicomanie et de famille dysfonctionnelle. Les employés du Service correctionnel du Canada entendent ces histoires tous les jours. Plusieurs les trouvent bouleversantes, mais ils se sont engagés à aider les détenus.

 

« C’est notre travail de voir à ce que les Canadiens soient en sécurité, et aussi de croire que les gens peuvent changer », affirme la formatrice nationale au sein des programmes correctionnels pour délinquantes Marlene Wells, qui a commencé à travailler comme agente correctionnelle en 1985. Comme elle le dit : « Nous faisons tous des erreurs. J’ai fait beaucoup de choses dont je ne suis pas fière et je ne voudrais pas être jugée par ces actions. Je ne juge pas les femmes par leurs crimes. J’essaie de voir au-delà de ce qu’elles ont fait et de la raison qui les a conduites ici ».

 

C’est la compassion et l’amour de la lecture qui ont amené Marlene à aller au-delà de son rôle professionnel de formation des employés du Service correctionnel du Canada de partout au pays pour occuper un poste de bénévole de BCFI. Elle a organisé un club de lecture dans l’unité à sécurité minimale de l’Établissement Nova pour femmes, pénitencier à niveaux de sécurité multiples, près de chez elle à Truro, en Nouvelle‑Écosse. Marlene ignore les raisons de l’incarcération des femmes de son club de lecture et elle ne pose aucune question. Elle aide plutôt les détenues à se concentrer sur les aspects positifs, tant chez elles que chez les autres, pour ainsi créer un environnement basé sur la confiance et le respect mutuel.

 

Le premier club de lecture a été inauguré par une discussion sur les sept « enseignements sacrés » de la tradition autochtone : l’amour, le respect, le courage, l’honnêteté, la sagesse, l’humilité et la franchise. Marlene a aussi lu aux membres une histoire pour enfants intitulée Warm Fuzzies (bons sentiments), de Cathie Brown. Lors des rencontres du club de lecture, les « bons sentiments » représentent les aspects positifs que les membres voient chez eux ou chez les autres. Les membres écrivent des « bons sentiments » aux autres, de courtes notes avec des commentaires comme « tu as un bon sens de l’humour » et « tu es aimable » et les rassemblent dans leur sac personnel. Les réunions du club de lecture se terminent habituellement par une activité. L’une des activités préférées est lorsque les membres créent leurs propres signets. Marlene a également demandé à chaque détenue de s’écrire une lettre à propos de ses espoirs et de ses rêves. Lorsque les femmes sortent de l’Établissement, elles emportent à la maison leur sac de bons sentiments, leur pierre de guérison, leur signet et les livres qu’elles ont lus au club. Quelques mois après leur libération, Marlene leur envoie par la poste la lettre qu’elles se sont écrite.

 

Le club a une telle signification pour les femmes qu’elles ont demandé à se réunir une semaine sur deux, plutôt qu’une fois par mois, comme le veut la pratique dans la plupart des autres clubs de lecture. Diane Yetman, autre bénévole et employée à la retraire du Service correctionnel du Canada, s’est aussi jointe au groupe. Diane et Marlene dirigent les femmes à tour de rôle pendant les activités de groupe. Pour toutes ces femmes, c’est un endroit sécuritaire. Pour certaines, c’est leur toute première occasion de découvrir le plaisir de lire. Parmi les succès, on trouve un livre d’un des plus importants auteurs autochtones, Dream Wheels, de Richard Wagamese, ainsi que Annabel, de Kathleen Winter, Fishbowl, de Bradley Somer, et The Complete Maus, d’Art Spiegelman, une bande dessinée basée sur les expériences de son père, juif polonais ayant survécu à l’Holocauste.

 

Marlene est fière de l’effet du club de lecture sur les femmes qui y participent.

 

« Le club de lecture et mon rôle professionnel au sein du Service correctionnel du Canada aident ces femmes à réussir leur réinsertion dans la collectivité, ce qui leur est profitable ainsi qu’à la société, affirme Marlene. Nous pouvons contribuer à un monde meilleur. Je crois que les délinquantes avec qui nous travaillons ont le pouvoir de changer. Lorsqu’elles réalisent qu’elles peuvent changer, c’est phénoménal. » 

Date de mise à jour :

Commentaires

Jean-François.D...

Quel plaisir d'apprendre au sujet d'initatives comme celle-là! Il est formidable de voir se realiser un projet comme celui-ci où une personne peut avoir tellement d'impact. Bravo Marlene!! et merci madame Gréer de pratager cette inspirante histoire!