Pour préparer ce numéro d’Entre Nous Express

Reportages

Depuis que je travaille à Entre Nous Express (ENE), j’ai interviewé des centaines d’employés à propos de leur travail. Au cours de nombreuses entrevues, la question des atteintes à la santé mentale, notamment le trouble de stress post‑traumatique (TSPT), a souvent été abordée, même si je n’écrivais pas d’articles sur le sujet. Les employés en parlaient, parfois brièvement, comme d’une chose qu’ils avaient ou qu’ils soupçonnaient chez certains de leurs collègues. Voilà pourquoi, lorsque le commissaire Head a envoyé un communiqué général concernant le tout nouveau Comité directeur sur les atteintes à la santé mentale en milieu de travail du SCC en octobre dernier, j’ai proposé de faire une série d’articles sur ce sujet dans un prochain numéro d’ENE. Ma proposition a reçu le feu vert et débouché sur le numéro que vous êtes en train de lire.

 

Le TSPT et les autres atteintes à la santé mentale en milieu de travail chez les premiers intervenants ont été très présents dans les actualités dernièrement puisque les policiers, les pompiers, les ambulanciers et les agents correctionnels pressent le gouvernement d’adopter une loi qui les appuie et reconnaît le TSPT comme une maladie professionnelle. Toutefois, le problème est que les agents correctionnels ne sont pas considérés comme des premiers intervenants dans toutes les provinces. Ainsi, ils le sont au Manitoba et, depuis le mardi 5 avril, en Ontario également. Les agents correctionnels de ces provinces peuvent donc faire soigner leur TSPT beaucoup plus rapidement parce qu’ils n’ont pas à prouver un lien de cause à effet entre le TSPT et un incident survenu au travail. Les demandes d’indemnisation sont plutôt traitées en accéléré.

 

La prévalence des atteintes à la santé mentale en milieu correctionnel n’a rien de nouveau. En 1992, le SCC a publié le rapport intitulé L’exposition aux incidents graves : quelles en sont les conséquences pour les agents correctionnels canadiens? à la suite d’une étude ayant révélé que chacun des 122 agents correctionnels interviewés avait été exposé en moyenne à 27,9 incidents graves liés au travail. En outre, 61 % ont indiqué avoir subi des atteintes à leur santé en milieu de travail et 43 % de ces atteintes ont nécessité un congé d’au moins une semaine. En 2003, l’étude intitulée PTSD in Corrections Employees in Saskatchewan a révélé que près de 80 % des employés du milieu correctionnel ont vécu un incident traumatique en milieu de travail, alors que le taux de prévalence d’un « TSPT probable » chez les participants était de 25,8 %. Les auteurs estiment que ce taux est comparable à celui observé chez les anciens combattants, les prisonniers de guerre, les survivants d’une catastrophe et le personnel des services d’urgence.

 

Ce qui est nouveau cependant, c’est qu’enfin nous en parlons ouvertement. Le commissaire s’est dit résolu à examiner cette importante question au sein du SCC, et je crois qu’en racontant ces histoires aujourd’hui, nous avançons dans la bonne direction.

 

J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier chacune des personnes qui m’ont confié leur histoire pour les besoins du présent numéro. Même si nous partageons le même employeur, ces personnes ne me connaissaient pas du tout, mais elles ont tout de même répondu à mon courriel arrivé de façon impromptue et accepté de me parler de leur expérience personnelle, même si certaines n’en avaient soufflé mot à personne d’autre que leurs proches. Elles se sont empressées de prendre part à cette démarche non pour elles‑mêmes, mais pour les autres qui peuvent souffrir en silence.

 

Cette démarche n’a pas été facile pour ces personnes. Leurs histoires sont difficiles et émotives. Un homme me racontait son expérience traumatisante, quand il s’est soudainement arrêté de parler : il venait de prendre conscience qu’il n’avait pas évoqué l’incident depuis des années et avait besoin de prendre une pause avant de poursuivre. Je suis honorée que tous ces gens aient accepté de se confier non seulement à moi, mais aussi à mes collègues Lindsay Holloway et Jack Seymour, qui étaient présents à certaines entrevues.

 

J’espère que ces histoires nous permettent d’atteindre le double objectif suivant : entamer un dialogue ouvert sur cette question au sein du SCC et encourager les personnes qui souffrent en silence à demander de l’aide. Si vous ou un être cher avez besoin d’aide, demandez le soutien de votre Programme d’aide aux employés au 1‑800‑268‑7708 ou parlez‑en à un parent, un ami, un collègue ou un médecin de famille en qui vous avez confiance.

 

 

Pour de plus amples renseignements sur cet important sujet, rendez-vous sur la page InfoNet touchant les atteintes à la santé mentale en milieu de travail, où des ressources vous sont aussi accessibles.

 

Date de mise à jour :