Projet du Réseau des femmes

Reportages

* Note aux lecteurs : Les comités consultatifs de citoyens (CCC) apportent un point de vue précieux de la collectivité au système correctionnel fédéral. Mus par la volonté de faire une contribution significative à la sécurité publique, les CCC aident le Service correctionnel du Canada (SCC) à créer des liens plus solides entre les délinquants et les collectivités. Nous publierons donc une fois par mois dans l’Entre Nous Express un exemple de réussite d’un CCC. Le mois dernier, nous vous avons présenté une histoire de réussite provenant de la région du Pacifique.

 


À l’âge de 57 ans, Diane a été condamnée à 16 mois d’emprisonnement pour avoir commis une fraude de plus de 150 000 $; elle était anéantie. Elle savait qu’elle avait fait une erreur et qu’elle devait payer pour ses actions, mais rien, dit-elle, ne l’avait préparée pour le moment où elle a été emmenée du palais de justice au Centre correctionnel pour femmes de Winnipeg après la détermination de la peine.

 

« Je ne pouvais plus respirer. Je ne pouvais pas me concentrer. J’étais complètement dépassée », dit-elle. « Je ne pouvais vraiment pas y croire. C’était absolument terrifiant. »

 

Toujours perdue et désorientée, Diane participait une semaine plus tard au salon des ressources qui se tenait au Centre. Diane et ses codétenues ont alors eu l’occasion de rencontrer les représentants de plus de 90 organismes de ressources communautaires axés sur des enjeux comme le logement, l’emploi, les études, la santé, le soutien à la famille, les dépendances, la santé mentale, et bon nombre d’autres domaines susceptibles de contribuer à la réussite de la réinsertion sociale dans la collectivité. C’est à ce moment-là que Diane a rencontré Jeannette Acheson, agente de libération conditionnelle pour l’unité de supervision des femmes du Bureau de libération conditionnelle de Winnipeg.

 

« Jeannette m’a donné l’espoir que tout irait bien, explique Diane. Elle m’a donné tous les renseignements dont j’avais besoin concernant la libération conditionnelle, elle m’a dit quelles étaient mes chances de l’obtenir à son avis, et elle m’a dit qu’elle m’aiderait à suivre le processus. Elle était honnête et exigeante, mais elle m’a fait sentir que je n’étais pas toute seule dans cette entreprise. »

 

Ce que Diane ne savait pas c’est que le salon des ressources auquel elle avait participé fait partie du projet du Réseau des femmes, une initiative du comité consultatif de citoyens (CCC) pour l’unité des libérations conditionnelles de Winnipeg/Centre correctionnel communautaire Osborne. Dans l’optique de répondre aux besoins complexes des délinquantes, le CCC a élaboré le projet du Réseau des femmes afin de cerner les obstacles et les difficultés qui se posent aux femmes ayant des démêlés avec la justice et de leur donner un meilleur accès aux ressources communautaires en misant sur les principaux intervenants gouvernementaux et communautaires.

 

Sharon Taylor, membre du CCC du Bureau de libération conditionnelle de Winnipeg, explique que l’idée de tenir ces salons des ressources est née après que plus de trente organismes locaux se sont rassemblés un soir il y a des années pour discuter d’une meilleure façon d’appuyer les femmes qui ont été incarcérées.

 

« C’est ce que nous faisons, dit Sharon. Nous aidons les personnes à risque qui sont privées de leurs droits dans la collectivité. Nous avons vu un besoin chez ces délinquantes, et nous avons travaillé de concert pour trouver un moyen de les aider. »

 

Depuis 2012, le projet du Réseau des femmes a organisé avec succès dix salons des ressources au Centre correctionnel pour femmes, enregistrant une participation globale d’environ 850 délinquantes incarcérées dans les établissements provinciaux et fédéraux. La réussite du projet est en partie directement attribuable au solide partenariat de collaboration entre les organismes gouvernementaux et les organismes communautaires locaux, notamment les suivants : le Comité consultatif de citoyens du Bureau de libération conditionnelle de Winnipeg, le ministère de la Justice du Manitoba, le Service correctionnel du Canada, Inner City Women’s Ministries, SEED Winnipeg, la Women’s Health Clinic, le North End Women’s Centre, Youth Employment Services, et autres innombrables organismes communautaires.

 

Ces organismes fournissent des renseignements et des services qui peuvent faciliter le retour des femmes dans la collectivité. Les femmes elles-mêmes sont aussi invitées à remplir des sondages pour donner leur rétroaction et leurs suggestions concernant d’autres ressources dont la participation au salon pourrait être utile à l’avenir. Selon Sharon, ces salons des ressources ont une valeur inestimable pour les femmes qui y participent, de même que pour les organismes eux-mêmes.

 

« Les avantages sont doublés, affirme-t-elle. Non seulement nous aidons les femmes, mais nous retirons des avantages du fait que nous pouvons voir ce que font les autres groupes dans le cadre de leur travail. Cela nous aide à apprendre et à faire en sorte de fournir le meilleur service possible à ceux qui en ont besoin. »

 

Jeannette voit aussi l’incidence de ces salons des ressources.

 

« Ces femmes n’auraient aucune idée de l’existence de ces organismes ou de ces ressources si elles n’assistaient pas aux salons des ressources, explique-t-elle. Ces événements permettent surtout d’établir des liens, notamment entre les femmes en difficulté et les personnes qui peuvent les aider. »

 

Jeannette insiste sur le fait que la plupart des femmes qu’elle rencontre au Centre correctionnel pour femmes n’ont absolument aucun réseau de soutien à l’extérieur. Elles n’ont pas de famille vers qui se tourner – en fait, dans bien des cas, c’est justement leur famille qui les a victimisées. Les problèmes liés à la violence, à la toxicomanie, à l’abandon et à la négligence sont aussi courants. C’est pour cette raison, explique Jeannette, qu’il est important que ces femmes reçoivent l’information concernant les réseaux de soutien positif à leur disposition.

 

« Dans la plupart des cas, ces femmes n’ont rien ni personne. Elles n’ont absolument aucun soutien. Si elles participent à l’un de ces salons et qu’elles peuvent créer au moins un lien avec l’un des 40 ou 50 organismes présents, alors nous avons fait notre travail. »

 

Travaillant dans le domaine des services correctionnels depuis plus de trente ans, Jeannette a pu constater ce qui peut arriver lorsque les délinquantes obtiennent l’aide dont elles ont besoin pour réussir. La journée de notre entretien, elle était passée dans une école locale un peu plus tôt pour parler aux jeunes de son travail et les sensibiliser au système correctionnel. Elle leur avait lu une lettre d’une ancienne délinquante qui lui avait écrit pour la remercier d’avoir changé sa vie. Cette ancienne délinquante étudiait maintenant dans un collège. « Ce n’est qu’un exemple, explique Jeannette, des histoires de réussite dont elle a été témoin. »

 

« Je crois que les gens peuvent changer. Je crois que si une personne veut s’améliorer, elle y arrivera. Tout ce qu’il faut à ces personnes, c’est un peu d’aide en cours de route. Vous n’entendez pas toujours parler de nos histoires de réussite, mais j’en connais des centaines. »

 

Sharon est d’accord avec elle.

 

« Je pense que chaque personne, quelles que soient les circonstances, a droit à une chance. Ces femmes arrivent du chaos, mais lorsque nous les informons des ressources et du soutien à leur disposition, elles peuvent aller de l’avant. Savoir, c’est pouvoir. » 

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