Dans le but d’améliorer le milieu de vie des délinquants et de le rendre plus favorable à la guérison, l’équipe des Initiatives pour les Autochtones de la région du Québec a sollicité les services de madame Megan Whyte, artiste et art-thérapeute autochtone (https://megankaneratenhawiwhyte.com/).
Ainsi, au cours de l’été 2018, madame Whyte a été invitée à travailler au Centre d’intervention pour Autochtones de l’Établissement Archambault (sécurité moyenne) afin d’y réaliser une murale.
La réalisation de cette œuvre s’est échelonnée sur huit jours. Dans la première phase du projet, l’artiste a rencontré les délinquants afin que ces derniers s’expriment sur leurs valeurs, leur culture, leurs histoires; sur ce que cela signifie pour eux d’être autochtone. Madame Whyte s’est par la suite inspirée de ces témoignages pour créer un croquis qui deviendrait la murale.
L’activité se déroulait dans la salle de spiritualité des détenus autochtones, un lieu de rassemblement où les détenus pratiquent diverses activités spirituelles et culturelles tels que les cercles d’enseignements et de partage avec les Aînés autochtones ou encore les cours d’art culturel. Madame Whyte savait que la murale devait être à l’image de la diversité des nations autochtones desquelles sont issus les détenus. Aucun détail ne fut délaissé; ours, cerfs, aigles, tortues, longues maisons, tipis, igloos, traîneaux à chiens, sueries, feux et totems ne sont que quelques-uns des symboles significatifs qui y sont représentés.
Pour la deuxième phase du projet, les détenus ont été invités à reproduire le croquis sur le mur à l’aide d’un pistolet à peinture. Ils ont eux-mêmes sélectionné et appliqué les couleurs. L’ensemble de l’œuvre a été réalisé avec de la peinture acrylique. Au fur et à mesure que le projet avançait, les détenus se sentaient transformés au même rythme que l’œuvre qui prenait forme sous leurs yeux. Ainsi, ils ont appris tranquillement à laisser de la place à leur créativité et à avoir confiance en leurs idées.
Ce projet les a poussés à s’engager dans un processus d’introspection, et à réaliser que lorsqu’on y met du cœur et que l’on persévère, seul ou en équipe, on parvient à de grandes choses. Au cours de la réalisation de la murale, madame Whyte guidait et conseillait les artistes en herbe, prenant au passage le soin d’ajouter de l’ombrage aux formes tracées par le groupe, petite touche magique permettant à l’œuvre de véritablement prendre vie. C’est avec hâte et engouement qu’ils en réalisaient l’évolution chaque jour.
À la fin de la semaine, devant le résultat fort impressionnant de leur travail, tous les détenus participants ont ressenti une émotion qu’ils n’ont pas souvent la chance d’éprouver : de la fierté. Encore aujourd’hui, ils partagent avec entrain le récit de ce parcours créatif qui leur aura permis d’immortaliser en images les symboles de ces cultures si riches qui les représentent et qu’ils chérissent.
À la fin de la semaine de travail, les détenus ayant participé à la murale en ont fait le grand dévoilement devant leurs agents de libération conditionnelle, leurs agents de programmes correctionnels, ainsi que devant la gestion de l’établissement et la Division des initiatives pour Autochtones de l’administration régionale du Québec. Ils étaient tous très fiers du chemin parcouru et ont raconté le petit bout d’histoire qu’ils avaient peinturé.
Le sentiment de fierté se fait encore ressentir à ce jour au sein de l’établissement. Il est prévu que d’autres projets de cette nature aient lieu prochainement au Centre d’intervention pour Autochtones.