Par Kim Ezzard, agente de programmes sociaux, Établissement de Stony Mountain, et Corinne Lindley
Le jeudi 18 janvier 2018, l’Établissement de Stony Mountain (ESM) a eu l’honneur de recevoir l’ancien joueur de la LNH, Theoren (Theo) Fleury, venu raconter aux délinquants et au personnel son expérience du traumatisme et de la guérison.
À son arrivée, Theo a eu droit à une visite de l’unité à sécurité minimale et, bien sûr, de la patinoire extérieure. Son visage s’est illuminé dès qu’il a mis le pied sur la glace! Theo a été particulièrement impressionné par la vieille Zamboni qu’on tire et par la couverture de laine qui sert à préparer la glace. Dans la cabane des joueurs et le vestiaire, il a examiné l’affûteur de patins et les chaussures de sponge‑hockey, se rappelant avoir joué au sponge-hockey dans sa jeunesse, au Manitoba.
Avant de poursuivre sa visite, Theo a laissé sa marque en griffonnant le message inspirant suivant dans le vestiaire : « N’abandonnez pas avant que le miracle se produise, profitez de la vie! Theo Fleury, gagnant de la Coupe Stanley en 1989 et de la médaille d’or aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002. »
Theo a ensuite fait une courte visite de l’unité des Autochtones où il s’est brièvement entretenu avec un Aîné, puis il s’est rendu au gymnase pour y faire sa présentation.
Avant qu’il ne commence à parler, le groupe des joueurs de tambour de l’unité à sécurité minimale lui a offert un chant de bienvenue, et Theo leur a demandé s’il pouvait se joindre à eux. Le groupe a répondu d’un oui retentissant et de nombreux signes de tête affirmatifs. Theo s’est installé pour jouer du tambour avec les délinquants.
Dès qu’il a ouvert la bouche, il est devenu très clair que Theo était venu apporter son aide. Il a établi un lien personnel avec son auditoire, se déplaçant dans la salle et interagissant avec le personnel et les délinquants. Theo a raconté ce qui lui était arrivé dans sa jeunesse, comment ses expériences auraient pu détruire sa vie et, surtout, pourquoi ça n’a pas été le cas. Son message était simple : « Si je peux le faire, les gars, je sais que vous le pouvez aussi. Nous pouvons guérir et aller de l’avant. » Il n’y avait pas un son dans la salle, à part sa voix.
En après-midi, Theo a passé un peu de temps dans l’unité à sécurité maximale, où il a été accueilli par un gestionnaire correctionnel. On lui a fait un survol de l’unité, puis il s’est dirigé vers la salle des programmes pour y donner une courte présentation à huit délinquants et quatre membres du personnel. Une fois de plus, il a raconté ses traumatismes, sa toxicomanie et sa guérison. Il a dit qu’il fallait pardonner, demander de l’aide, acquérir des capacités d’adaptation et se donner des stratégies. Theo a raconté quelques-uns de ses moments les plus sombres. Sa capacité d’établir un lien avec les délinquants en se racontant était puissante. Un délinquant en particulier a parlé de ses propres traumatismes au groupe. Theo l’a écouté attentivement, a reconnu ce que le délinquant vivait et l’a encouragé à persévérer sur le chemin de la guérison.
Par la suite, Theo s’est rendu au gymnase de l’unité à sécurité moyenne et s’est adressé à environ 200 membres du personnel et délinquants. Une fois de plus, il a parlé de la colère, du ressentiment et des dépendances qu’il a vécus, en raison de son incapacité de composer avec la douleur émotionnelle. Ses mauvais mécanismes d’adaptation comprenaient la drogue, l’alcool, le sexe et le jeu.
Il a expliqué qu’il voulait simplement que la douleur disparaisse. Theo a parlé de facteurs déclencheurs et signalé qu’il n’avait pas les bons outils pour composer avec ses émotions, si bien qu’il a emprunté la voie de l’autodestruction.
Il a encouragé le personnel et les délinquants à établir des relations et à tisser des liens. Il a motivé les délinquants à prendre soin d’eux, à développer de la compassion et à éviter de comparer leur situation et leur expérience de vie à celles des autres. Cette présentation a fortement suscité l’autoréflexion.
Theo a évoqué le besoin de changer et de devenir meilleur, et il a appelé les délinquants à reconnaître que, peu importe la façon dont ils ont choisi de faire face à leur passé, celle-ci ne fonctionne pas. Il a parlé de ses troubles de santé mentale, dont l’anxiété et la dépression. Il a encouragé les délinquants à se montrer honnêtes, vulnérables et ouverts, car c’est là la clé de la guérison. Il a aussi invité les délinquants à voir la réadaptation comme un but et à utiliser leur période d’incarcération pour se tourner vers l’avenir plutôt que de ressasser constamment le passé.
L’histoire de Theo en est une de courage et d’espoir, et il a appliqué à ses présentations une approche empreinte de gentillesse, de compassion et d’authenticité. Avant son départ, Theo a mentionné que c’était tout un honneur et un privilège que d’avoir été reçu à l’ESM et d’avoir rencontré le personnel et les délinquants des trois niveaux de sécurité. Le personnel et les délinquants de l’ESM, quant à eux, s’entendaient pour dire que l’honneur leur revenait assurément!
Commentaires
Très bon article, très intéressant.