Un délinquant mis en liberté parle des avantages du programme Kisarvik

Reportages

par HAMZA Al-baghdadi

Les communautés inuites vivent avec les océans du Canada depuis des générations. Ce sont leur gagne-pain, leur source de sécurité alimentaire et leurs voies de transport.

Le Nunavut Fisheries and Marine Training Consortium (NFMTC), organisme à but non lucratif créé en 2005, offre des formations par l'entremise du programme Kisarvik aux bénéficiaires nunavummiuts d’ententes sur les revendications territoriales qui songent à une carrière dans la pêche.

Baptisé d’après un mot inuktitut qui signifie « un endroit sûr pour jeter l’ancre », le programme Kisarvik vise à réduire les barrières à la formation maritime pour les groupes sous-représentés dans la main-d’œuvre maritime, y compris les femmes, les nordiques, les Inuits et les Autochtones.

Le programme est financé en partenariat avec le ministère des Services aux familles du Nunavut (division du développement professionnel), l’association inuite de Kitikmeot, et Kakviak.

Une caractéristique spéciale de ce cours est qu’il intègre des compétences pour la vie de tous les jours, y compris l’alphabétisation, la numératie, la résolution de problèmes, le remplissage de formulaires, la budgétisation, les services bancaires, et la rédaction de curriculum vitae. Le programme lui-même dure de 12 à 15 semaines; il couvre entre autres notions le secourisme maritime élémentaire, la sensibilisation aux espaces clos, le SIMDUT, le SDV-BS (petits bâtiments nationaux – sécurité de base), les bases du GPS et de la navigation, la connaissance des navires et les procédures d’évacuation, le matelotage de base, et le code de la route maritime.

C’est le 28 mars 2018 que Jonathan Agligoetok, délinquant mis en liberté et surveillé par le Bureau sectoriel de libération conditionnelle du Nunavut, a franchi un jalon important dans sa vie en réussissant le programme Kisarvik, avec dix autres étudiants.

Hamza Al-Baghdadi, responsable des agents de libération conditionnelle, vient de rencontrer Jonathan au bureau d’Iqaluit pour une entrevue.

Pour Jonathan, avoir réussi le programme Kisarvik signifie une toute nouvelle réalité. Il nous parle de comment il s’ajuste, et de ce qu’il espère tirer de sa nouvelle carrière dans l’industrie maritime. Voici quelques points saillants.

Q : Commençons par le commencement. C’était comment où vous avez grandi?

Jonathan : Eh bien, c’était Kugluktuk au Nunavut, un petit hameau, mais j’ai grandi entouré de la vaste tundra arctique, alors une carrière maritime ne m’était jamais passé par la tête. En tout cas, il n’y a pas beaucoup de travail à Kugluktuk, alors quand l’occasion s’est présentée de vivre à Iqaluit, je suis sauté dessus – là-bas, il y a tellement de possibilités de formation préalable à l’emploi.

Q : Comment avez-vous appris l’existence du programme Kisarvik?

Jonathan : J’occupais un emploi sans avenir dans la construction, quand un beau jour mon agent de libération conditionnelle m’a sorti de la maison de transition et m’a reconduit au NFMTC pour une séance d’information. Lui-même avait appris l’existence du programme dans un salon professionnel ici à Iqaluit, et m’a recommandé au registraire. Je suis très reconnaissant pour le soutien et les conseils que le personnel du CRC d’Uttaqivik et mon équipe de gestion de cas m’ont donnés pendant ma période de surveillance dans la collectivité. Je ne pense pas que je serais arrivé jusqu’ici sans leur appui et leur encouragement. Je compte avant tout sur eux à Iqaluit, puisque je ne suis pas d’ici.

Q : Qu’est-ce qui a allumé votre intérêt pour une carrière dans l’industrie maritime? 

Jonathan : Il n’y avait pas beaucoup de perspectives d’emploi dans ma collectivité d’origine. Je me suis dit qu’il fallait partir à neuf, alors j’ai décidé de vivre à Iqaluit puisqu’il y a tellement plus de possibilités d’emploi et de formation. Le programme que je viens de réussir m’ouvre la porte à beaucoup d’emplois bien payés. En prime, je vais voir plein de ports canadiens et étrangers. J’ai bien hâte à ma nouvelle carrière dans l’industrie maritime, et aux aventures qui m’attendent en mer!

Q : Quels seraient vos conseils pour les Nunavummiuts qui songeraient à une formation similaire dans ce domaine?

Jonathan : Comme bénéficiaires d’ententes sur les revendications territoriales, nous avons beaucoup de chance d’avoir accès à du financement pour nos études ou pour apprendre un métier. D’accord, le travail en mer n’est pas pour tout le monde, mais c’est assurément une possibilité de carrière à explorer : on ne sait pas tant qu’on n’essaie pas. Le savoir, c’est de l’argent, et j’encourage les jeunes comme moi à ne jamais abandonner leurs rêves. Les Nunavummiuts doivent profiter des possibilités d’études et de formation qui s’offrent à eux s’ils veulent bénéficier de l’économie croissante du Territoire.

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Le Bureau de libération conditionnelle du Nunavut se réjouit à l’avance de développer son partenariat avec le NFMTC, et d’en bâtir de nouveaux en cours de route.

Offrir à nos délinquants nordiques l’accès à des formations préalables à l’emploi dans le Nord crée des emplois et des possibilités économiques, améliore la sécurité et la résilience de nos collectivités, et soutient le potentiel économique du Nord.

Hamza Al-Baghdadi est responsable des agents de libération conditionnelle au Bureau sectoriel de libération conditionnelle du SCC au Nunavut.

Date de mise à jour :

Commentaires

aitlahcenmo

Good job Hamza Bravo.