Un guerrier des temps modernes

* Article publié à l’origine le 10 mars 2020 par le Lakeland College, qui en autorise à nouveau la publication ici.

L’expérience qu’a acquise Danny Bruno au Lakeland College l’inspire à changer le cours des choses au quotidien.

Danny Bruno est instructeur en menuiserie-charpenterie dans le cadre de l’Initiative d’emploi pour les délinquants autochtones au Centre Pê Sâkâstêw, un établissement correctionnel à sécurité minimale situé à Mâskwâcîs (90 km au sud d’Edmonton), en Alberta. Il y enseigne des compétences que ses « apprenants adultes » pourront mettre en pratique lorsqu’ils passeront de l’incarcération au marché du travail.

« Je leur donne un cours préparatoire à l’emploi en charpenterie-menuiserie de six semaines. C’est très facile pour moi d’enseigner parce que ça ressemble à ce que j’ai appris dans mes modules de première et de deuxième années au Lakeland College. Je peux me servir de mon expérience et de ma formation au Lakeland College pour aider d’autres personnes à améliorer leur vie », explique le compagnon, qui a suivi sa formation en charpenterie-menuiserie de 2015 à 2018 au campus Vermilion.

Ayant appris à maîtriser la menuiserie et ayant acquis d’autres précieuses compétences dans le domaine, Danny Bruno se dit très reconnaissant des leçons qu’il a apprises de ses instructeurs du Lakeland College, des mentors qu’il continue de solliciter aujourd’hui.

« Mon instructeur Trevor (Provick) a vu que j’avais beaucoup de potentiel. Il m’a appris qu’il est normal d’échouer, que l’important est de se relever et d’avancer. J’ai appris que je peux faire des erreurs, que mes examens ne seront pas tous réussis et que mes journées ne se dérouleront pas toujours comme je l’aimerais, parce qu’il y a toujours quelque chose qui se passe en dehors de l’école. Je dois continuer d’essayer et me montrer tenace. »

Danny Bruno raconte qu’il avait de la difficulté à l’école : il restait après les cours pour faire du rattrapage et obtenir de l’aide supplémentaire. Il ajoute que ses instructeurs au Lakeland College ont pris le temps de s’adapter au style d’apprentissage qui lui convenait le mieux.

« J’avais tendance à ne pas montrer mon travail, juste à sauter aux résultats. Puis mon instructeur Curtis Cassibo m’a dit un jour : « Si je regarde dans ton auto, je vais probablement trouver que c’est en désordre. » Il m’a aidé à réaliser que j’étais désorganisé dans plusieurs sphères de ma vie. J’ai commencé à me prendre en main, à devenir plus responsable. J’ai compris que je devais montrer mon travail pour savoir où je m’étais trompé et comment je devais me corriger pour aller dans la bonne direction. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à rester après les cours et à étudier davantage. Je relisais chaque module afin de tout mémoriser pour mes examens. » Tous les efforts de M. Bruno ont été récompensés quand il a reçu le prix Cam Macfarlane pour ses réalisations exceptionnelles.

M. Bruno dit avoir aimé les liens qu’il entretenait avec ses instructeurs, mais aussi leur compassion. Il en a été témoin quand deux membres de sa famille sont décédés lorsqu’il fréquentait le Lakeland College. Il se souvient de John Wilkinson qui l’a pris à l’écart après l’avoir vu pleurer et l’avoir invité à prendre du repos s’il en ressentait le besoin. 

Ces expériences au Lakeland College ont amené M. Bruno non seulement à garder contact avec ses instructeurs, mais aussi à poursuivre sa carrière dans le domaine qu’il a choisi.

« Ils m’ont aidé à élaborer mes plans de cours, m’ont fourni des idées de projets et m’ont apporté bien plus encore. Ils se soucient de ce que je fais. Pendant mon trajet de 50 minutes entre mon travail et chez moi, il nous arrive à Trevor Provick et à moi de discuter au téléphone de ma journée de travail. Il me tient également à jour au sujet du Code national du bâtiment et des changements apportés aux modules du programme. Il est comme mon arme secrète », révèle M. Bruno.

Tout au long de sa formation technique au Lakeland College, M. Bruno affirme que le fait de travailler pour son ancien employeur lui a permis de surmonter les préjugés concernant son ascendance autochtone. Il dit avoir réalisé qu’il devait trouver un employeur qui voyait son potentiel et reconnaissait ses compétences. La confiance que lui a donnée le Lakeland College et tout le travail qu’il y a accompli ont porté fruit puisqu’il travaille aujourd’hui au Pavillon de ressourcement Pê Sâkâstêw.

« C’est une expérience marquante pour moi de voir des hommes à qui j’enseigne partir avec leurs connaissances, se mettre à l’ouvrage, puis faire la transition sur le marché du travail. C’est spécial quand ils m’appellent pour m’annoncer qu’ils ont trouvé un emploi », raconte M. Bruno.

M. Bruno ajoute que son travail au Pavillon de ressourcement lui permet d’être en harmonie avec sa culture, puisqu’il peut participer régulièrement aux cérémonies de la suerie et de purification par la fumée ainsi qu’aux pow-wow, des traditions qui sont encouragées à son lieu de travail. Il fait également don de son temps et de ses talents de menuisier à la Première nation Samson de Maskwacis, où il répare d’importants problèmes de bâtiment.

« J’ai parfois eu l’impression de constamment faire des travaux couverts par une garantie, mais à la prison pour hommes, j’ai l’impression de pouvoir montrer la valeur de ce que signifie être un Autochtone fort qui subvient aux besoins de sa famille, ce qui est en quelque sorte être un guerrier des temps modernes. Je peux montrer l’exemple, car les mots ont très peu de poids. Ce que j’ai appris de plus important en poursuivant mon rêve au Lakeland College, c’est qu’il est de mon devoir de me servir de mes compétences pour aider les autres dans le besoin. »

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