Assis dans sa cellule à l’Établissement de Springhill, en Nouvelle-Écosse, après avoir été reconnu coupable de trafic de drogues, Jeremy avait un choix à faire. Il pouvait rester assis là et être en colère, frustré et sédentaire ou il pouvait faire quelque chose de constructif pour lui-même et peut-être devenir une meilleure personne. À 19 ans, il avait vécu une vie désordonnée, intense comme il dit. Sans emploi, sans éducation et sans famille, il essayait de faire sa vie en ne prenant que de mauvaises décisions. Assis dans sa cellule cette journée-là, il a décidé d’essayer quelque chose de nouveau.
« Le domaine de la construction m’intéressait, alors mon regard s’est porté sur CORCAN », dit‑il. « Ils cherchaient des travailleurs et je voulais faire quelque chose de mon temps, alors je me suis lancé. Ceci s’est avéré l’une des meilleures décisions de ma vie. »
CORCAN est un programme de réhabilitation pour les délinquants incarcérés dans des établissements du Service correctionnel du Canada (SCC). Il offre aux délinquants des possibilités d’emploi et de formation sur les compétences relatives à l’employabilité pendant leur incarcération dans des pénitenciers fédéraux et après leur mise en liberté dans la collectivité. Cela se fait au moyen de formations en cours d’emploi et de formations certifiées par des tierces parties qui sont axées sur quatre secteurs d’activité, soit la fabrication, les textiles, la construction et les services.
Jeremy a passé ses journées à apprendre l’ABC de la construction. Il a participé à des travaux de remise en état du béton à l’établissement, il a réparé et remplacé des portes, il a suivi un cours de charpenterie et a construit une remise qui a été utilisée par l’établissement pour entreposer différents articles et il a effectué de nombreux travaux de réparation, de remplacement et de construction autour de l’établissement. « C’était un travail difficile », dit Jeremy, « mais ça en a vraiment valu la peine grâce aux conseils et au soutien reçus des instructeurs de CORCAN ».
« Ils étaient bons avec nous. Ils savaient que nous étions à un moment difficile de nos vies et ils respectaient cela. Ils nous traitaient comme des êtres humains, pas seulement comme des criminels, et ils ont consacré des heures et des heures à nous enseigner de nouvelles choses et à nous aider à être meilleurs dans notre métier. »
Jeremy a purgé deux ans à l’Établissement de Springhill avant sa libération conditionnelle. Il a eu la chance de participer au programme de Choices for Youth, un organisme de St. John’s (Terre‑Neuve) qui responsabilise des jeunes à risque de l’endroit en leur offrant un logement, un emploi et de l’aide à l’éducation pendant leur transition vers la vie adulte. Dans le cadre de son programme, l’organisme exploite Impact Construction, une entreprise sociale de construction qui offre une formation en cours d’emploi dans les domaines de la sécurité et de la construction à des jeunes prêts à occuper un emploi durable à long terme ou à suivre une formation de travailleur spécialisé. Jeremy et son collègue Sheldon, aussi en liberté conditionnelle, ont obtenu un emploi dans cette entreprise.
Lorsqu’on lui demande ce qu’il fera au cours des cinq prochaines années, Jeremy a tout en tête : terminer ses études en administration des affaires, démarrer une entreprise et ne plus être en liberté conditionnelle. Et dans dix ans? Il se voit avoir une carrière stable, une maison et être loin de ce qu’il appelle sa vie d’avant.
« Je suis une personne différente maintenant », dit‑il. « J’ai du respect pour la vie, une éthique de travail, des compétences et des connaissances. Si je n’avais pas pris la décision de travailler pour CORCAN, je suis sûr que je serais de retour en prison parce que je n’aurais eu aucune raison de vivre. Aujourd’hui, j’en ai une. »
L’équipe d’Entre Nous tient à remercier Jeremy de nous avoir fait part de son histoire personnelle. Nous lui souhaitons la meilleure des chances dans sa nouvelle vie!