« Un sacrifice qui en vaut la peine » Maxime-Kalifa Sanou raconte son parcours

Reportages

Alors que nous célébrons le Mois de l’histoire des Noirs, Entre Nous Express a voulu prendre des nouvelles de Maxime-Kalifa Sanou, quatre ans après le reportage sur ses exploits sportifs et sa discipline exemplaire :

Toujours à l’emploi du Service correctionnel du Canada (SCC), mais à titre de gestionnaire par intérim, Initiatives pour la diversité des employés et l'inclusion en milieu de travail, Maxime a partagé avec nous les derniers chapitres de sa carrière, de transmettre les leçons apprises et de livrer un message d’espoir à ses confrères et confrères de la communauté noire. Voici son témoignage :

Quand Entre Nous Express m’a demandé si j’étais intéressé, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, à raconter mes nouvelles expériences vécues, j’étais un peu hésitant. Je me disais qu’il serait plutôt intéressant de présenter de nouveaux visages. Par contre, j’ai aussi pensé que ça pourrait être une belle occasion de parler d’un sacrifice important que j’ai fait il y a trois ans déjà et qui a grandement influencé mon cheminement de carrière au sein du SCC.

Au moment de la parution du dernier article à mon sujet, je travaillais comme agent correctionnel à titre de préposé aux effets personnels. Peu avant la fin de cette affectation, j’ai réussi un processus d’embauche et suis devenu agent de formation du personnel à l’Académie nationale de formation du SCC située à Kingston, en Ontario.

Des choix difficiles

J’ai dû faire un choix très difficile qui touchait plusieurs aspects importants de ma vie. Je devais déraciner ma famille et lui imposer ce changement de vie drastique afin de faire avancer ma carrière. C’est sans compter que je devais quitter mon cercle social, mes amis, et mes collègues de travail de l’Établissement de Donnacona, un endroit que je n’aurais jamais pensé quitter.

Malgré tous ces inconvénients, il y avait aussi un point très positif qui pourrait avoir un impact très significatif sur mes enfants à plus long terme. Je pourrais offrir le cadeau du bilinguisme à ma fille, qui était âgée de trois ans à ce moment-là. Je pense que c’est l’aspect le plus important qui a influencé ma décision. Déjà trois ans plus tard, et elle est maintenant presque parfaitement bilingue! J’en suis tellement fier!

En dépit des lourdes périodes d’ennui loin de Québec, la ville où j’ai grandi, et des périodes de remise en question, j’ai eu l’occasion de vivre de nouvelles expériences dans une autre province en effectuant un travail très stimulant. Mon nouveau poste de formateur m’a permis de transmettre mon dévouement envers la profession d’agent correctionnel.

J’ai été témoin du parcours de plus d’une centaine de recrues qui avaient décidé, elles aussi, de servir et protéger les Canadiens en devenant agents de la paix au sein du SCC. Cela fait toujours plaisir de recevoir de leurs nouvelles et de savoir que leur période d’adaptation au travail dans un établissement se déroule bien.

J’ai eu des conversations avec des recrues noires au sujet du racisme et de la discrimination dans le milieu correctionnel. La réponse que je leur donne est qu’il y a encore du chemin à faire, mais qu’il ne faut pas se décourager puisque le SCC travaille fort pour offrir un milieu de travail respectueux et opérer un changement de culture à long terme avec la participation de tous.

Le mentorat 

Un conseil que j’ai donné quelques fois concernant les débuts dans un nouvel environnement de travail était de trouver un collègue expérimenté dont vous admirez l’éthique de travail, de s’en inspirer, et de lui demander régulièrement conseil. Après un certain temps, si ce collègue te fait confiance, il acceptera sûrement de te prendre sous son aile et t’aidera à faciliter ton intégration.

Pour ma part, c’est ce qui est arrivé : j’ai eu la chance de compter sur d’excellents mentors depuis mes débuts au SCC et je les remercie une fois de plus du fond du cœur de m’avoir transmis leurs connaissances, leurs expériences et leurs précieux conseils.

Mon message pour la communauté noire

Il y a plusieurs messages que j’aimerais que les employés noirs retiennent dans mon témoignage. Le premier serait que, bien avant moi, plusieurs employés noirs ont fait d’énormes sacrifices pour que je puisse avoir les occasions que j’ai eues au SCC. Même si les choses ont beaucoup évolué au chapitre de la diversité et de l’inclusion, je me suis fait la promesse d’honorer leur mémoire en continuant le travail qu’ils ont accompli et les efforts qu’ils ont déployés au fil du temps pour que notre organisation devienne un employeur de premier choix qui attire les meilleurs candidats.

Mon deuxième message en est un d’espoir et d’encouragement. Il y a de nombreux mentors et alliés qui sont prêts à participer à cet engagement et à prendre des actions concrètes pour que les employés noirs aient droit à l’équité et au respect des différences.

C’est ainsi que j’invite tout le monde à participer aux activités du Mois de l’histoire des noirs afin de s’unir et de prendre le temps d’en apprendre davantage sur les uns et les autres.

Jeux mondiaux policiers-pompiers

J’ai eu la chance de participer aux derniers Jeux mondiaux policiers-pompiers en Chine en 2019, tout juste avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe la planète entière. J’ai renoué avec l’athlétisme en participant au 100 mètres où j’ai terminé 5e lors de la finale pour la médaille d’or.

Quant à l’équipe de basketball composée de policiers et d’agents correctionnels de la ville de Québec dont je faisais partie, elle a été éliminée avant la ronde des médailles. Je garde d’excellents souvenirs de cette récente expérience et j’ai hâte que la situation nous permette tous un véritable retour au jeu une fois pour toutes!

La passion de continuer

En juin 2021, j’ai commencé ma 11e année au SCC. Certains diront que je suis encore un bébé de la fonction publique, alors que d’autres diront communément que j’ai un peu de temps de fait. Personnellement, je trouve que le temps est passé extrêmement vite, sans doute parce que j’ai suivi le conseil que plusieurs de mes mentors m’ont donné. Je m’en souviens comme si c’était hier : Max, si tu veux apprécier tes années au SCC, il faut que tu t’impliques dans le plus de choses possible.

Je crois que j’ai eu la sagesse de les écouter, sachant que ces personnes avaient à cœur ma réussite. Je peux sans hésitation affirmer aujourd’hui que j’aime encore travailler au SCC, notamment grâce à toutes les possibilités qui m’ont été offertes et qui continuent de se présenter.

Je suis conscient que tous les employés du SCC n’ont peut-être pas la même vision que moi, surtout ceux qui travaillent en établissement depuis plusieurs années et qui ont vécu plusieurs situations difficiles, souvent stressantes, voire parfois traumatisantes. À tous les membres du personnel de première ligne, sachez que ce qui me motive à continuer est de penser à vous et aux sacrifices que vous faites tous les jours pour protéger la société canadienne. Merci du fond du cœur!

Date de mise à jour :