Pour les délinquants du Nunavut, maintenir les liens avec sa famille et ses amis est le défi de toute une vie. Le Nunavut est formé d’environ 25 petites communautés inuites éloignées, qui ne sont accessibles que par la voie des airs. Il manque d’établissements correctionnels fédéraux au Nunavut, et les délinquants sont souvent contraints de purger leur peine dans le sud du pays, loin de leur collectivité et de leur famille.
En tant que seul agent de libération conditionnelle du Nunavut, Hamza Al-Baghdadi a dû se montrer créatif pour trouver des solutions de soutien aux délinquants du Nunavut.
Hamza a donc proposé de connecter les délinquants incarcérés dans les pénitenciers du sud du pays ou ceux hébergés dans les foyers de transition avec leur famille par vidéoconférence. « La réinsertion sociale réussie des délinquants dans leur collectivité d’origine est un facteur essentiel à la sécurité du public », explique-t-il.
« Le programme de vidéoconférence offre aux délinquants la possibilité de s’amender auprès des victimes d’une manière sécuritaire et contrôlée. Il permet aussi aux victimes et aux délinquants de briser la glace et d’entreprendre un dialogue avant la réinsertion sociale de ces derniers. Une approche proactive », indique Hamza.
Pour les Inuits qui ne peuvent profiter de visites en personne en établissement, le programme de vidéoconférence sert de solution de rechange peu coûteuse pour leurs proches qui n’ont pas les moyens financiers de se déplacer vers un établissement correctionnel fédéral, situé à l’extérieur du Nunavut. La capacité de rester en communication avec les membres de leur famille et leurs amis répond aux besoins particuliers des délinquants inuits. « Il est commun de voir des larmes de joie versées en salle de conférence, raconte Hamza, l’an dernier, nous avions un condamné à perpétuité qui n’avait pas vu sa famille depuis plus de 10 ans, et nous avons été en mesure de les mettre en lien grâce à ce programme. »
« Aujourd’hui, dans le cadre du programme de vidéoconférence offert aux délinquants et aux familles, entre 70 et 80 séances se tiennent chaque exercice. (…) La preuve la plus importante du succès du programme reste probablement l’incidence qu’il a sur les familles », maintient Hamza.
Le Service correctionnel du Canada (SCC) reconnaît l’importance de la collaboration pour soutenir la réadaptation et la réinsertion sociale en toute sécurité des délinquants autochtones dans la collectivité. Le Bureau sectoriel de libération conditionnelle du Nunavut a établi un partenariat productif avec le gouvernement du Nunavut pour mettre en contact les délinquants incarcérés dans des établissements du sud du pays avec leur famille et leurs soutiens dans la collectivité.
« Ce qui importe vraiment aux fins de la réussite de ce programme, explique Hamza, ce sont les partenariats. Le Bureau sectoriel de libération conditionnelle du Nunavut assure la liaison entre le SCC et les autorités fédérales et territoriales, organisant toutes les rencontres par vidéoconférence et entrant en contact avec les familles pour les tenir informées des lieux, des dates et des heures de leur tenue. »
Le centre de vidéoconférence d’Iqaluit a aussi ouvert ses portes aux participants du programme Possibilités de justice réparatrice. Les délinquants sont souvent libérés sous condition à Iqaluit avant de retourner dans leur propre collectivité, et les services de vidéoconférence offerts avec l’aide de spécialistes en santé mentale peuvent faciliter leur retour à la maison.